Des précipitations d’une intensité inédite, dans la nuit de samedi à dimanche, ont fait au moins 17 morts et quatre disparus.
Parmi les élus, comme Eric Ciotti, président (LR) du conseil départemental des Alpes-Maritimes, certains évoquent une ambiance de fin du monde pour décrire les précipitations qui ont frappé la Côte d’Azur entre Mandelieu-la-Napoule et Nice, de samedi (21 heures) à dimanche (2 heures du matin). «Nous avons vécu une situation d’apocalypse que nous n’avons jamais connue», commente l’élu. Des anonymes racontent qu’ils n’ont «jamais vu ça dans [leur] vie». A Cannes, les cumuls de pluie ont atteint près de 180 millimètres. En quelques heures il est tombé l’équivalent des pluies de tout un mois d’octobre, ou 10% des précipitations annuelles. Le bilan humain, pour l’instant provisoire, est très lourd : 17 morts. Quatre personnes sont portées disparues, et «l’espoir de les retrouver vivantes est faible», indique le ministère de l’Intérieur.
François Hollande a exprimé «la solidarité de la Nation» et remercié «les élus et les acteurs du secours qui se sont pleinement mobilisés». Sur place ce dimanche matin, à Biot avec le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, il a également annoncé : «Le bilan n’est pas encore complet, c’est dire l’intensité de ce qui s’est produit. […] Dans ces moments, il faut que nous soyons rapides, efficaces et coordonnés. Cette coordination est essentielle.»
Les victimes se concentrent surtout dans l’ouest du département. Trois personnes ont notamment péri dans une maison de retraite de Biot. Trois autres sont mortes noyées dans leur voiture à Vallauris, prises au piège en voulant franchir un mini-tunnel. Une femme a été retrouvée sans vie dans un parking cannois, une autre personne sur la voie publique. A Mandelieu-la-Napoule, selon l’AFP, une lame d’eau a pris au piège les habitants de plusieurs résidences, descendus dans les parkings souterrains mettre leurs voitures à l’abri : au moins sept morts. La liste pourrait bien s’allonger.
«Je n’ose encore donner un bilan humain, car je crains les découvertes des prochaines heures. Notre tristesse et notre émotion sont immenses», déplore sur les réseaux sociaux le maire de Cannes, David Lisnard. Il a indiqué que certains véhicules ont «été emportés jusqu’à la mer». Il a déclenché le Plan communal de sauvegarde (PCS) au milieu de la nuit. Ce dispositif mobilise toutes les forces de police, de secours et les services municipaux.
Vols annulés, trains bloqués, électricité coupée
Toute la nuit dans le département, les services de secours ont procédé à 241 interventions et 23 hélitreuillages, avec l’appui de 450 sapeurs-pompiers. 1 900 appels d’urgence ont été enregistrés. Côté matériel, les dégâts sont impressionnants. Le trafic SNCF est interrompu, excepté entre Nice et Vintimille où une circulation restreinte est mise en place ce matin. Dans la nuit, des trains sont restés bloqués sur les voies avec des passagers à bord. C’est le cas de Lara, une Niçoise coincée sous un tunnel à Cannes : «Vers 20h30, le train s’est arrêté. On est restés bloqués deux heures puis nous avons marché avec des lampes frontales jusqu’à la gare. Tout était inondé et j’ai dû dormir à Cannes», explique-t-elle. Dans le ciel aussi la situation était compliquée. Des vols au départ et à l’arrivée de l’aéroport Nice-Côte-d’Azur ont été annulés ou déroutés.
L’A8 est toujours coupée entre Antibes et Saint-Laurent-du-Var. L’échangeur Cannes-La Bocca est également fermé dans les deux sens. Impossible de circuler sur quatre routes départementales, en raison d’arbres et de coulées de boue sur la chaussée. Le réseau électrique a également été endommagé. Jusqu’à 70 000 foyers azuréens ont été privés d’alimentation électrique dans la nuit. Dimanche matin, 27 000 d’entre-eux n’avaient toujours pas de courant.
Samedi, tôt dans la soirée, c’est le match Nice-Nantes qui a été arrêté à la mi-temps. Alors que des trombes d’eau s’abattent sur la pelouse de l’Allianz-Riviera, l’arbitre renvoie les deux équipes définitivement au vestiaire à la mi-temps : «On s’est aperçu que la qualité du spectacle et plus encore, l’intégrité des joueurs ne serait pas préservées», explique Fredy Fautrel, l’arbitre de la rencontre. Des spectateurs d’un concert de Johnny Hallyday, également à Nice, ne sont pas tous parvenus à quitter la salle de spectacle. Certains ont même dormi sur place.
Mathilde Frénois correspondante à Nice
