Le 5 octobre dernier, les élèves des différentes régions du pays ont repris le chemin des classes. Une rentrée scolaire, paisible, mais en demi-teinte au regard du peu d’engouement enregistré dans les établissements de Libreville.
Le 5 octobre dernier, l’on a vu peu d’élèves arborant les uniformes des établissements de la place sur les routes de Libreville. Et pourtant, c’était bien le jour de la rentrée des classes. Depuis le 25 septembre dernier, l’administration, travaille afin de permettre aux parents d’élèves de procéder à toutes les formalités administratives.
L’absence d’engouement constatée le jour de la rentrée des classes a fait croire que cet événement avait été décalé. Ce jour-là, l’école primaire de Sibang, dans le 6e arrondissement de Libreville, était presque vide. Seuls quelques responsables s’affairaient à recevoir les parents qui arrivaient au compte-gouttes. Là-bas, comme dans plusieurs autres écoles primaires, collèges et lycées de la capitale, l’heure était encore à la réinscription des anciens et l’inscription des nouveaux élèves. Chacun avait une explication à ce manque d’engouement. Si les uns accusent l’absence de moyens pour répondre à tous les besoins inhérents à une rentrée des classes, d’autres ont cru que la Convention nationale des syndicats du secteur de l’Education (Conasysed) allait poursuivre son mouvement de grève.
Et pourtant, l’on se souvient qu’à la veille de la rentrée des classes, le ministre de l’Education nationale, Florentin Moussavou, a placé cette année scolaire sous le signe du dialogue social. Mieux : réunie en assemblée générale le 3 octobre dernier, la Conasysed avait décidé de donner un mois de sursis au nouveau ministre de l’Education nationale, ce délai devant lui permettre de tout mettre en œuvre pour payer les salaires des leaders syndicaux suspendus pour cause de grève, restituer les bons de caisse confisqués par l’équipe sortante, régler le problème des enseignants du pré-primaire, entre autres.
Au vrai, une épée de Damoclès pèse sur le système éducatif national. N’empêche, certains chefs d’établissements affirment que la rentrée se fait progressivement. «Nous faisons une rentrée progressive, c’est-à-dire par niveau. Aujourd’hui, nous, nous sommes occupés des classes de 4e, mardi c’est le tour des classes de 5e et mercredi les classes de 6e», a indiqué l’un d’eux, avant qu’une parente ne renchérisse en déclarant qu’à leur niveau le problème financier. «On dit que l’école est gratuite au Gabon. Mais chaque fois que vous voulez inscrire un enfant, il y a plein de choses qui entrent en ligne de compte. Ce n’est pas tout. Les livres et les cahiers coûtent extrêmement chers aujourd’hui et l’argent est rare. Voilà ce qui nous bloque nous les parents», a-t-elle expliqué. Pour elle, les enfants iront également à l’école de manière progressive. «Je privilégie pour le moment ceux qui sont en classe d’examen. Je vais tout faire pour que la semaine prochaine au plus tard, ils aient le nécessaire et les autres, on verra», a-t-elle précisé.
Dans les établissements publics, d’autres problèmes restent posés. Celui des enseignants qui ne sont pas encore à leurs postes d’affectation, par exemple. «Moi, je suis affecté à l’intérieur du pays. Je ne sais même pas comment je vais faire pour y aller alors que j’avais déjà inscrit tous mes enfants à Libreville», fulminait un enseignant du primaire, qui n’entend pas bouger. Des problèmes, il y en a donc dans le secteur éducatif. Au-delà de la timidité de la rentrée, l’on note le problème des effectifs pléthoriques qui va refaire surface. Le transport également pose problème. C’est un véritable casse-tête pour les parents qui n’ont pas d’autres moyens de locomotion que les transports en commun. Déjà, on peut constater des grappes humaines à tous les carrefours. Et cela va s’accentuer avec la montée en puissance de la rentrée des classes. Il faudra donc miser le prix fort pour trouver un taxi, en espérant que les embouteillages ne s’en mêleront pas. Là aussi, c’est une équation qui peine à être résolue depuis des années, malgré la présence de la Société gabonaise de transport (Sogatra). Face à cet amoncellement de soucis, une chose est sûre : le 5 octobre dernier, quasiment tous les établissements scolaires du public comme du privé ont ouvert leurs portes. C’est donc bel et bien reparti pour neuf mois de cours avec le mince espoir que les syndicats et leur tutelle ne se lancent pas dans leur fréquent bras de fer.