Le gouverneur de la province de l’Ogooué-Maritime et le procureur près le tribunal de Port-Gentil ont réfuté les accusations de détournement de gas-oil lancées à leur encontre par notre confrère L’Aube.
Pointés du doigt dans la disparition de 300 m3 de gas-oil scellés, dans le cadre de l’enquête sur le trafic de carburant à la Société gabonaise de raffinage (Sogara), le gouverneur de la province de l’Ogooué-Maritime et le procureur de la République près le tribunal de Port-Gentil ont vivement rejeté ces accusations. C’était le 29 septembre dernier à la faveur d’une conférence de presse. Martin Boguikouma et Jean Bedel Moussodou Moundounga ont évoqué une «pure affabulation», suite aux dénonciations de L’Aube dans sa parution du 28 septembre dernier.
A en croire leurs dires, le carburant volé a bel et bien été sorti du Sandy, bateau de Robert Services, pour une barge de la société Soleo, spécialisée dans le transport d’hydrocarbures. «Nous tombons des nues quand nous entendons que nous avons vendu ce carburant. Il fallait donc appeler tous les responsables de service de venir sur cette barge pour démontrer le contraire. Le carburant est toujours là et les mêmes quantités n’ont pas bougé. Nous devons vous avouer que nous savions pas où se trouvait exactement la barge, parce que nous l’avons confiée à un opérateur en matière d’hydrocarbures», a affirmé Jean Bedel Moussodou Moundounga.
A l’analyse de ces propos, doit-on comprendre qu’après avoir confié le scellé à une entreprise privée, le procureur n’a plus eu connaissance du lieu où était stocké le carburant ? Est-ce à dire que Soleo pouvait en disposer à sa guise, sans être inquiétée ? «Un mensonge cousu de fil blanc», soutient L’Aube, rappelant que la pièce à conviction dans l’affaire n’est pas seulement le gas-oil mais le gas-oil dans le bateau de Robert Services. «Pourquoi n’a-t-on pas arraisonné le Sandy jusqu’à la base navale pour qu’il y soit scellé pendant tout le temps de la procédure ?», «Qui a donné l’autorisation de disséquer le scellé en déposant le carburant du Sandy vers une barge ?», «Quand cette opération a-t-elle été menée ?», «Pourquoi Moussodou Moundounga et le gouverneur ont-ils pris cette décision alors qu’au niveau où se trouve l’affaire, les scellés sous sont la responsabilité du juge d’instruction et de son greffier ?», «Qui a fait appel à la société Soleo, société privée spécialisée dans le transport des hydrocarbures ?», «Qui doit régler la facture de Soleo ?».
Autant de questions dont les réponses peuvent permettre de confirmer ou infirmer la thèse du détournement. D’autant plus que contrairement à ce qu’affirme le gouverneur de province, seuls 162 m3 de gas-oil ont été retrouvés, au lieu des 300 initiaux. Et L’Aube de conclure : «Si les enquêteurs dans l’affaire et les juges d’instruction, avec lesquels il n’est plus en odeur de sainteté, pouvaient parler, la place de l’ancien procureur serait aujourd’hui en prison».