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Presse : La Loupe, à nouveau devant les juges ?

Accusé de trouble à l’ordre public, d’incitation à la haine et d’appel au meurtre et à la désobéissance civile, l’hebdomadaire du groupe Oloumambe a été assigné en justice par le gouvernement.

L’affaire avait été présentée comme sérieuse. Dans ses colonnes, le 3 novembre dernier, notre confrère avait même tenu à indiquer que sa «révélation» n’était «ni un canular ni une simple vue de l’esprit», mais qu’elle provenait d’une source officielle, en l’occurrence la direction générale de la Documentation et de l’Immigration (DGDI). A en croire La Loupe, cette révélation est le résultat de plusieurs années d’enquêtes et d’analyses, dont le résumé tiendrait en ces mots : «L’immigration clandestine a largement dépassé le seuil de tolérance, au point que l’on annonce que d’ici 2025, il n’y aura plus de Gabonais autochtones dans la zone dite de Petit-Paris-Mont-Bouët.» Si certains lecteurs avaient alors crié à la paranoïa de l’hebdomadaire, qui disait s’inquiéter de «la montée en puissance des étrangers à travers des structures de camouflage telles que les mosquées et leurs corollaires burqa, niqab, djellabas et extrémistes», l’auteur de l’article s’en était défendu à l’avance, affirmant tirer ses «informations» d’«un rapport ultraconfidentiel» des services spéciaux, qui envisageaient alors saisir le gouvernement sur la question, en vue de l’organisation d’un débat pour juguler le phénomène. Sauf que le gouvernement est récemment apparu outré par cet article.

Dans un communiqué publié le 3 novembre courant, le gouvernement a condamné des «propos d’une extrême gravité, appelant à la xénophobie, à la violence, à la haine et au meurtre, (qui) ne sont pas sans rappeler la tristement célèbre Radio mille collines, et tous les écrits nauséabonds de même acabit relayés par des journaux qui, ailleurs, ont conduit aux génocides, aux guerres ethniques et religieuses». Rien de moins….Pour le gouvernement, qui a décidé de saisir le procureur de la République pour trouble à l’ordre public, incitation à la haine et appel au meurtre et à la désobéissance civile, l’article de La Loupe serait dangereux pour la paix, l’unité nationale et la cohésion sociale. «Prétendre que les Gabonais seraient menacés d’extinction et de remplacement par des communautés musulmanes relève d’une grossière manipulation visant à monter les communautés nationales les unes contre les autres», affirme le communiqué du gouvernement, visiblement décidé à monter cette affaire en épingle.

Toutefois, s’il est nécessaire de s’interroger sur la portée du propos de notre confrère, l’on est également tenu de s’appesantir sur la promptitude du gouvernement, et particulièrement sur sa propension à faire d’une outrance volontaire un signe avant-coureur d’un drame atroce. En dépit du «style» qui peut déplaire, l’article de La Loupe appelle-t-il réellement au meurtre ? De qui ? De ces «Gabonais d’occasion» cités presque furtivement à la fin de l’article ? Pourquoi cette promptitude ne s’était-elle pas exprimée en d’autres circonstances ? En présentant le Woleu-Ntem, province mono-ethnique, comme «le bastion du judaïsme (traitrise en référence à Judas Iscariote, ndlr)» et l’ «antichambre du salafisme», Michel Ogandaga, conseiller du président de la République, ne cherchait-il pas explicitement à «monter les communautés nationales les unes contre les autres» ? Pourquoi cette indignation sélective ? Pourquoi certaines réalités sont-elles applicables aux uns et pas aux d’autres ? Cette façon de faire ne porte-t-elle pas en elle-même les germes de la division ? Au gouvernement de faire son examen de conscience. A moins que la paranoïa ait été contagieuse sur ce coup…

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