Si l’on n’en pas encore signalé sur la descente de Jean Ping ce week-end dans l’Ogooué-Lolo, on peut se demander si l’ancien ministre des Affaires étrangères subira les embûches semées, en septembre dernier, sur son périple dans la Nyanga ? Rétrospective.
Fin-août dernier, il avait été noté des actes visant à troubler la randonnée politique de Jean Ping dans le Woleu-Ntem. Il s’était alors agi de dissuader les populations du Septentrion de se rendre aux meetings et causeries organisés par l’ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA). Les anecdotes à ce sujet avaient alors été attestées par des sources concordantes et par le maire d’Oyem. Scenario quasi similaire lors de la tournée politique du même Jean Ping dans la Nyanga, du 18 au 23 septembre dernier. Le rétroviseur sur ce périple rappelle en effet que de nombreuses embûches lui avaient également été tendus par ses adversaires politiques proches du pouvoir et originaires de cette province.
Pour rappel, arrivé à Tchibanga le 18 septembre, la délégation de Jean Ping constatait qu’il était écrit «Hors service» sur toutes les pompes des deux stations service de cette ville, alors que les pompistes servaient du carburant à quelques voitures de luxe désignées comme ceux des membres du PDG dans la localité. Certains d’entre eux avaient d’ailleurs improvisé des manifestations dans la province pour entraver les activités de l’opposant. Un manège vérifié par un journaliste couvrant alors la tournée de Ping. A la station service du centre ville de Tchibanga, un pompiste à qui il demandait du carburant lui avait alors répondu : «Il faut que je donne d’abord le numéro de voiture au gouverneur. C’est lui qui doit me donner l’ordre de vous servir». Détenteur du contact téléphonique du gouverneur, le journaliste tenta de joindre le gouverneur… en vain. Au 3e jour de cette tournée, un jeune opérateur économique de la localité permis de mieux comprendre la situation, expliquant : «Une personnalité du cabinet du président de la République m’a menacé au téléphone, en me disant, »C’est toi qui a fait servir le carburant à Ping ? Je vais te convoquer »».
A Tchibanga et à Mayumba, certains hôtels avaient été interdits à la délégation de Jean Ping. Celui-ci avait d’ailleurs dû renvoyer à un autre jour la tenue de son meeting, Vivien Amos Péa, leader des jeunesses du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), ayant programmé une manifestation le même jour et à la même heure que celle annoncée de l’opposant. Ce, alors que ce jeune PDGiste n’aurait pas demandé l’autorisation de l’administration locale, selon les indiscrétions de l’un des maires de la ville. Un peu après, à Moabi, l’ordre a été intimé à l’unique boulangerie de fermer à l’arrivée du néo opposant.
Dans toutes les villes et villages de la province où les activités politiques de Jean Ping étaient programmées, les populations avaient été intimidées et menacées, parfois de mort, pour les empêcher d’aller écouter Ping. Grâce à l’efficacité sur le terrain du comité d’organisation, présidé par Jean Alain Boussougou, colonel de police à la retraite, mais sans doute aussi à la soif de nouveauté politique des Nynois (habitants de la Nyanga), il y avait foule à chaque causerie et à chaque meeting.
Dans un village nommé Loango, un groupe de personnes venu d’ailleurs ayant projeté de s’attaquer physiquement à la délégation de Jean Ping avant son arrivé, avait été signalé. Il serait passé à l’acte n’eut été la perspicacité des jeunes de la bourgade qui l’avait chassé des lieux pour en témoigner ensuite lors de la causerie. Dans un autre village, Tono, un opposant (initiales G.D.N.N.) n’avait pas manqué, dans son mot de bienvenue, de dénoncer les menaces de circonstance et l’insécurité dans laquelle vivent les habitants de son village. «Trois ministres d’ici ont envoyé des équipes pour aller de maison en maison nous intimider, en nous disant de ne pas assister au meeting de Ping. Car, Ping n’est pas d’ici. Et que si nous assistons à ce meeting, ils vont faire de nous des futurs prisonniers», avait raconté G.D.N.N. Situé à quelques km de Tchibanga sur la route de Mayumba, ce village vit, par ailleurs, dans la psychose des crimes rituels. «Tono est la base des crimes rituels. Nous enregistrons déjà 3 crimes ici. Aujourd’hui, plus de 10 jeunes gens ont été arrêtés et sont dans la prison de Mougoutsi à cause de ces crimes… Ils citent toujours en premier un parlementaire d’ici… Les commanditaires sont connus de tout le monde mais n’ont jamais été inquiétés», a confié cet ancien candidat de l’opposition aux législatives de 2013, condamnant l’injustice du pouvoir.
Au moment du bouclage de cette rétrospective, la tournée de Jean Ping dans l’Ogooué-Lolo n’a enregistré aucun anicroche sur les quatre causeries déjà organisées. Le candidat à la candidature unique de l’opposition pour la présidentielle de 2016 devrait donner son premier meeting dans la province, ce dimanche 8 novembre à Lastourville. Visiblement, les leaders et militants du PDG de cette province ne se chauffent pas du même bois que ceux de la Nyanga.