Disant fondé sa lecture sur l’état du pays, le président en exercice du Front de l’opposition pour l’alternance a, en présence de ses pairs, réitéré son appel à une concertation sans tabou, non sans revenir sur l’idée d’une candidature unique de la coalition dont il assure la supervision.
Malgré son discours de nouvel an aux allures de mea culpa, les membres du Front de l’opposition pour l’alternance ne croient pas à la sincérité du président de la République. Ils estiment nécessaire de lui rappeler les limites de son action. «Le Plan stratégique Gabon émergent, qui devait transformer le pays, n’a pas dressé son bilan si attendu dans le discours à la nation prononcé (…), le 31 décembre 2015», a affirmé le président en exercice du Front, à la faveur d’une communication en présence de quelques-uns de ses pairs, à la Chambre de commerce, le 7 janvier courant.
À l’opposé des discours dithyrambiques et de satisfaction servis par les diplomates, les partenaires sociaux et les autorités religieuses lors de la cérémonie de présentation des vœux au président de la République, Pierre-André Kombila s’est voulu intransigeant. «Ayant reçu en héritage un pays abîmé, Ali Bongo Ondimba, qui était partie prenante à cette œuvre de destruction du pays, a aggravé, pendant sept ans, la situation de crise larvée, pour la porter à une situation de crise généralisée», a-t-il asséné. Pour lui, les institutions, la justice, les libertés, les droits de l’Homme, le système électoral, l’école, les finances, la santé, le logement, la route, les transports en commun, la sécurité, tous les leviers de la vie politique, économique, sociale et culturelle du pays sont gravement atteints.
Situation administrative du chef de l’Etat
Pierre-André Kombila a rappelé qu’«En charge de veiller à la paix dans le monde, l’Organisation des Nations Unies s’est trouvée fort bien inspirée, en proposant une offre de dialogue à l’endroit de toute la classe politique gabonaise, au sortir du 20 décembre 2014, de triste mémoire.» Et d’ajouter : «Ce dialogue, nous le voulons inclusif, afin qu’il opère toute sa dimension participative, de sorte à permettre l’implication de la société civile dans la recherche des solutions. Ce dialogue, nous le voulons sans tabou, afin de toucher aux réalités du moment, dont la plus emblématique est la situation administrative du chef de l’Etat, dont les évolutions alimentent la chronique jusqu’à ce jour. Ce dialogue, nous le voulons décisif, afin qu’il produise des résolutions opposables à tous, qui soient porteuses d’un avenir convenu par tous au bénéfice de chacun.»
Pour le président en exercice du Front, la fin de non-recevoir clamée le chef de l’Etat dans son message à la nation le 31 décembre 2015 «ne restera pas sans conséquence».
Candidat unique du Front
En venant à la désignation d’un candidat unique du Front de l’opposition pour l’alternance Pierre-André Kombila estime qu’«au moment où le peuple gabonais, exaspéré par un système qui l’opprime depuis trop longtemps déjà, interroge l’opposition sur les moyens de ne plus revisiter les sentiers connus des échecs à l’alternance et au changement, Il est irresponsable pour cette même opposition de lui proposer la précipitation, la manipulation et l’opportunisme.». Pour lui, il serait irresponsable pour l’opposition de proposer à un peuple désabusé par les errements du passé «la précipitation, la manipulation et l’opportunisme.»
Invitant les siens à «revenir aux fondamentaux du Front et à ne privilégier que ce qui nous rassemble et nous unit (…) à ne pas céder à la précipitation, synonyme d’amateurisme (…) à rechercher des solutions innovantes et propres à préserver l’unité, la cohésion et la solidarité du Front», Pierre André Kombila en vient à reconnaitre que l’équation de la désignation du candidat unique du Front n’est pas simple du fait que le front comporte aussi bien des partis politiques que des personnalités physiques. C’est pourquoi, a-t-il martelé, «Il nous faut clairement indiquer des critères objectifs du candidat à retenir, mais aussi définir le collège électoral en intégrant la participation du peuple souverain à ce choix. C’est à ce niveau que doit intervenir le «génie gabonais», car, ne nous voilons pas la face, c’est à ce stade que se situent les problèmes que connaît aujourd’hui le Front.»
Pour le président du Front, tous ceux qui veulent jouer cavalier seul, passer en force, user de traquenards et autres stratagèmes déloyaux «porteront l’entière responsabilité de l’échec programmé par une telle initiative. Ils auront à répondre devant l’Histoire, parce qu’ils auront été, en définitive, les alliés objectifs du système Bongo/PDG. Évitons cela dans l’intérêt supérieur du Gabon.»