Jean Ping a été désigné candidat unique du Front uni de l’opposition pour l’alternance à la prochaine présidentielle gabonaise, a annoncé l’ancien président de la Commission de l’UA. Problème : une bonne partie des membres de cette vaste coalition rejettent sa candidature. Explication en quatre points.
Qui s’oppose à sa candidature ?
De nombreux poids lourds du Front uni de l’opposition pour l’alternance (Fopa), composé de 27 membres (partis politiques et personnalités publiques), ont vertement dénoncé sa désignation, annoncée vendredi 15 janvier.
À commencer par le président en exercice de la coalition, Pierre-André Kombila. Ce dernier s’est insurgé contre une « imposture », tout comme la direction de l’Union nationale ou encore Jean de Dieu Moukagni Iwangou, président de l’Union du Peuple Gabonais (UPG). « Cette candidature n’en est pas une », a ainsi affirmé l’ancien président du Fopa à Jeune Afrique.
Que reprochent à Jean Ping ses détracteurs ?
Le fond comme la forme. Ses opposants au sein du Fopa lui reprochent tout d’abord de ne pas les avoir conviés à la réunion ayant conduit à sa désignation. « Cette consultation est une violation flagrante des procédures du Front », tonne Jean de Dieu Moukagni Iwangou, président de l’UPG. « Nous n’avons même pas été informé de cette réunion. C’est un groupe qui a agi au sein de la coalition », poursuit Jean de Dieu Moukagni Iwangou.
Ces tensions ne sont pas nouvelles. Depuis de longues semaines, certains membres du Fopa reprochaient ouvertement à Jean Ping de faire cavalier seul et de ne pas respecter le calendrier fixé par la coalition.
Le Front va-t-il malgré tout convoquer des primaires ?
C’est ce qu’a annoncé le président de Front, quelques heures après la désignation de Jean Ping.
Dénonçant une candidature « non conforme », Pierre-André Kombila entend bien convoquer une primaire au sein de Fopa en février ou mars. Ce qu’on à nouveau confirmé plusieurs de ses proches.
Que répondent les partisans de Jean Ping ?
L’ancien président de la Commission de l’Union africaine et ses soutiens affirment que Jean Ping est le seul homme capable de battre Ali Bongo Ondimba, dont la candidature fait peu de doutes. « C’est moi le prochain président de la République gabonaise », triomphait d’ailleurs Jean Ping face à la presse, peu après avoir déposé sa candidature pour être le candidat de l’opposition.
Alors que la Constitution gabonaise prévoit un seul tour de scrutin, ses soutiens avancent également qu‘une multiplication des candidats feraient les affaires du pouvoir.
« La candidature de Jean Ping est une bonne chose car la multiplication des candidatures pose le problème des dispersions de voix », explique Vincent Essono Mengue, maire d’Oyem (nord) et cadre de l’Union nationale, un parti pourtant opposé à la candidature de Jean Ping. « Un parti ne doit pas présenter un candidat à l’élection présidentielle à tout prix. L’opposition gabonaise a brillé par ce genre de comportement, et n’a jamais pu se rassembler pour faire front uni », résume-t-il.
Claire Rainfroy