La clôture mardi de la conférence de haut niveau de l’Institut des Nations-unies pour la formation et la recherche (Unitar) et le ministère gabonais de la Communication, sur le rôle des médias et leur lien avec la paix a été marquée par des échanges sur la pratique du journalisme en période électorale et le rôle des réseaux sociaux, en compétition avec les médias classiques, dans l’information du public.
Dans son exposé sur le « Rôle des médias dans la gouvernance des États », le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Alain Claude Bilie-By-Nze, a rappelé le rôle des journalistes qui consiste à informer le public sur l’action des politiques, de manière professionnelle et dans le respect des principes de la profession.
« Les médias ont une fonction de médiation entre les institutions, ceux qui les portent et l’opinion. Ils doivent se concentrer sur la vérification des faits, sur l’équilibre et la diversité des expressions, afin d’honorer leur mission », a indiqué M. Bilie-By-Nze, regrettant toutefois les dérapages observés.
« Nous voyons trop souvent, malheureusement, la simplification poussée à la caricature, et la calomnie portée au rang de norme », a-t-il observé.
C’est donc à propos que Bilie-By-Nze est revenu sur la nécessité d’une formation de qualité, s’excusant de ne pas vouloir faire injure aux journalistes.
«Dans tous les métiers, l’évaluation régulière des savoir-faire est incontournable. Ce que l’on savait faire il y a dix ans n’est peut-être plus au goût du jour. Sur ce plan, la corporation des médias doit faire preuve de réalisme et de responsabilité », a-t-il argumenté, justifiant ainsi l’actualisation des connaissances des savoirs des journalistes dans un monde où le journalisme est désormais confronté à la rude concurrence des réseaux sociaux.
Dans son exposé intitulé « probématiques lioées à l’émergence de nouveaux faisceaux d’information : les réseaux sociaux en général », le Pr Bertrand Cabedoche (Université Stendhal-Grenoble), président du réseau mondial des chaires Unesco, a constaté que les médias classiques se trouvent désormais en compétition avec un autre type de médias, qui diffusent ‘‘l’information’’ de façon instantanée.
Pour lui, il est évident que les canaux traditionnels ont ainsi perdu leur monopole de diffusion de l’information, face aux canaux numériques.
Une évolution qui n’est pas sans risque, puisque les journalistes jouent leur crédibilité dans cette course au scoop, qui se fait trop souvent au détriment des faits.
Aurélien Deffay, actuel responsable du département numérique de la Ville de Paris a corroboré l’existence, pour les institutions et le service public, des problématiques nouvelles.
« Durant les récents attentats, notre Twitter a facilité le lien social au sein de familles parfois éparpillées ou entre divers amis en quête de nouvelles », soulignant l’importance de l’accès aux sources publiques de l’information.
Au Gabon, il est encore difficile d’avoir accès à certains ministères, ont indiqué des participants. Une situation qui amplifie le volume d’informations non vérifiées ou de rumeurs en circulation.
« Le vecteur principal d’information des jeunes Gabonais s’appelle Facebook. Il faut donc que les acteurs publics organisent très rapidement leur présence sur les réseaux, afin de conserver la capacité d’échange avec l’opinion », a suggéré le porte-parole du gouvernement lors des échanges.
La conférence tenu deux jour durant sur le thème «Quand les médias créent la paix : une exploration des rôles et responsabilités des médias dans les processus de consolidation de la paix», a pris fin sur des recommandations visant à améliorer la pratique et les contenus journalistiques notamment en périodes électorales, identifiées en Afrique comme une des principales sources des conflits.