Le débat sur les origines du président gabonais Ali Bongo Ondimba connaît un nouveau épisode. Mercredi 27 janvier, les avocats d’une héritière de l’ex-président Omar Bongo Ondimba ont confirmé un dépôt de plainte pour « faux » destiné à remettre en cause l’acte de naissance du chef de l’Etat gabonais déposé aux archives du service central d’état civil du ministère des Affaires étrangères, à Nantes. « Une plainte contre X pour + faux et usage de faux + a été déposée au parquet de Nantes la semaine dernière », a indiqué à l’AFP Éric Moutet, l’avocat de Onaida Maisha Bongo Ondimba, 25 ans, fille du défunt président et l’une de ses 54 héritiers déclarés. Le parquet a confirmé à l’AFP la réception de sa plainte.
Vieille polémique
La jeune femme a pu consulter l’extrait de l’acte de naissance complet du chef de l’État gabonais, qui figure dans les archives du service central d’état civil du ministère des Affaires étrangères, à Nantes, « quelques jours après » que la justice l’y a autorisée, le 12 novembre, a retracé Me Moutet.
Après plusieurs mois de procédure, l’héritière avait obtenu du juge des référés du tribunal de grande instance (TGI) de Nantes la communication du document, au cœur d’une vive controverse à Libreville à l’approche de la présidentielle de 2016. Les détracteurs d’Ali Bongo l’accusaient d’avoir menti sur ses origines, ce qui pourrait l’empêcher de briguer un nouveau mandat.
La polémique avait été lancée à l’automne 2014 après la publication d’un livre du journaliste français Pierre Péan, « Nouvelles affaires africaines », qui affirme qu’Ali Bongo a falsifié son acte de naissance. Selon cette thèse, vigoureusement démentie par la présidence gabonaise qui a porté plainte, il serait en fait un enfant nigérian adopté pendant la guerre du Biafra, à la fin des années 1960.
Le document archivé à Nantes confirme la version officielle, à savoir qu’Ali Bongo est né le 9 février 1959 à Brazzaville, capitale de l’ancienne Afrique équatoriale française (AEF), qui comprenait tout ou partie du Gabon, du Congo, du Tchad et de la République centrafricaine.
« On s’attendait à avoir un document officiel. En réalité, c’est une photographie de registre, sans estampille officielle et qui n’est pas signé par l’officier de l’état-civil », a détaillé l’avocat.
« L’élément troublant supplémentaire, c’est la signature d’Omar Bongo, (…) qui est radicalement différente sur cet acte » et sur un autre, a poursuivi Me Moutet.
Trois actes de naissance d’Ali Bongo ont été divulgués, et « il y a au moins un document qui est faux, si ce n’est les trois », a-t-il dit. « Il y a beaucoup trop de différences entre les trois, trop d’éléments troublants dans ce dossier pour ne pas demander une enquête approfondie », a affirmé Me Moutet.
Diffamation et dénonciation calomnieuse
« Il me semble assez osé, pour ne pas dire extravagant, que l’on mette en doute des documents, un acte d’état-civil recueilli il y a fort longtemps par l’administration française et détenu » à Nantes depuis la création du service décentralisé des affaires étrangères, en 1965, a réagi l’avocate d’Ali Bongo, Claude Dumont-Beghi, par ailleurs « très étonnée » de ne pas avoir « été informée de cette plainte ».
« Ils ont essayé de semer le doute en engageant cette procédure, (…) maintenant, ils contestent l’acte d’état-civil. Je vais mettre la limite et moi-même déposer une plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse », a annoncé Me Dumont-Beghi.
Le Monde.fr avec AFP