Les tensions se faisaient sentir depuis de longues semaines au sein de la principale coalition de l’opposition gabonaise, minée par une guerre de chefs. Le Front uni de l’opposition pour l’alternance (Fuopa) menace désormais d’exploser, au risque de ne pas tenir sa promesse de présenter un candidat unique lors de la prochaine présidentielle.
Tout a commencé après la déclaration de candidature de Jean Ping. Le 15 janvier dernier, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine affirmait avoir été investi candidat à la prochaine présidentielle par le Fuopa.
Une déclaration aussitôt contestée par une bonne partie des membres de cette vaste coalition, qui accusent Jean Ping ne pas les avoir conviés à la réunion ayant abouti à sa désignation, et dénoncent une candidature « irrégulière », contraire aux statuts du Front.
Deux présidents pour un seul siège
Depuis, la tension est montée d’un cran. Les partisans de Jean Ping au sein du Front ont annoncé que Pierre-André Kombila, président du Fuopa et fervent opposant à la candidature de Jean Ping, avait été déchu de sa fonction. Pour le remplacer, ces derniers ont désigné mardi 26 janvier Philibert Andjembé, proche soutien de l’ancien président de la Commission de l’UA.
Un changement que contestent les opposants de Jean Ping, partisans d’une primaire ouverte. Ces derniers ont également convoqué une réunion, mercredi 27 janvier, de laquelle les soutiens de Jean Ping ont été écartés. « Il y avait deux lignes trop différentes, ce n’était plus tenable. Il faut savoir séparer le bon grain de l’ivraie », lance Jean de Dieu Moukagni Iwangou, président de l’Union du peuple gabonais (UPG) et ancien président du Fuopa.
Le Palais du bord de mer, grand gagnant ?
La réaction hostile des soutiens de Jean Ping ne s’est pas fait attendre. « Monsieur Kombila est de mauvaise foi, Philibert Andjembé est le seul président légitime », estime Jean Eyeghé Ndong, ancien Premier ministre. « Ils essaient de refaire les règles alors que nous sommes en plein match », déplore-t-il, tout en espérant encore parvenir à un rassemblement « pour aller au combat en ordre de bataille ».
Mais à quelques mois de la présidentielle seulement, chaque ligne semble fermement camper sur ses positions. Et le Fuopa paraît chaque jour un peu plus loin de sa promesse initiale : présenter un candidat unique lors de la prochaine présidentielle, qui se jouera à un tour. Une chose est sûre : les dissensions de l’opposition ne nuisent pas au camp présidentiel. Bien au contraire.
Claire Rainfroy