A l’occasion de la conférence organisée par l’Institut des Nations-unies pour la formation et la recherche (Unitar) sur le rôle des médias dans la consolidation de la paix, le président de la section Gabon de l’Union internationale de la presse francophone (UPF) est revenu sur les questions éthiques.
Gabonreview : Qu’avez-vous tiré de la conférence organisé par l’Unitar et quel est votre appréciation du rôle des médias dans la consolidation de la paix?
Jean Pascal Ndong : Je pense que dans le fond, c’est une thématique importante pour nous les journalistes, parce qu’on le veuille ou non, nous avons notre partition à jouer dans la consolidation de la paix dans notre pays. Et d’ailleurs, l’un des intervenants à la cérémonie d’ouverture n’a pas manqué de spécifier qu’aujourd’hui l’une des principales causes de conflits ou de la guerre dans nos pays demeure la contestation électorale. Cela été mis en exergue et je pense que nous autres qui avons ce devoir d’informer et de donner l’information d’intérêt public à la population, notre rôle n’est pas de mettre de l’huile sur le feu. Notre rôle est plutôt d’apaiser les comportements des uns et des autres à travers une sensibilisation, à travers les informations que nous leur donnons. Donc, la presse a un role très important à jouer dans la consolidation de la paix aujourd’hui.
On a vu des interventions des personnes extérieures au Gabon lors de cette conférence. Où sont passés les journalistes gabonais qui auraient pu édifier, grâce à leur connaissance du terrain, les participants sur le contexte ?
Je ne connais pas l’état d’esprit dans lequel les organisateurs se trouvaient lorsqu’ils ont mis en place le chronogramme et les différentes thématiques qui ont été débattues au cours de cette rencontre. Mais je pense quand même, qu’au-delà de l’absence des professionnels des médias locaux dans les interventions liées aux thématiques soulevées, en ce qui me concerne, c’était une occasion pour nous de remettre au goût du jour la problématique de l’autorégulation. C’est vrai qu’au Gabon il y a quelque temps, nous avons mis en place un organe qui est l’Observatoire gabonais des medias (Ogam) censé jouer ce rôle, mais depuis sa mise en place jusqu’à ce jour, l’Ogam est pratiquement en veilleuse. Et on nous demande de consolider la paix à travers l’exercice de notre métier. Cette consolidation de la paix commence d’abord par nous-mêmes. Aujourd’hui, nous assistons à une situation qui fait en sorte que l’on remarque qu’il y a une balkanisation des médias dans notre pays : il y a des médias pro-régime et des médias pro-opposition. Et ça se tire dessus à boulets rouges au détriment de nos lecteurs, de nos téléspectateurs, et de nos auditeurs.
En tant que président de l’UPF section Gabon, qu’est-ce que vous faites pour mettre un terme à cela ?
L’UPF est une organisation qui intervient dans le renforcement des capacités. Ce que nous faisons, et cela est palpable et visible sur le terrain. Nous organisons des séminaires de formation, de remise à niveau et des ateliers de renforcement de capacités. En marge de ce volet, nous défendons également les droits, surtout les droits journalistes lorsque ceux-ci sont violés et c’est dans ce contexte que nous nous sommes toujours élevés, que nous avons toujours dénoncé les violations de la liberté de la presse. Voilà le rôle fondamental de notre organisation. Et quelque part, cela été une très bonne idée de mettre en évidence la nécessité de nous autoréguler, de nous interpeller parce qu’il faudrait également que nous soyons capables, nous journalistes, de nous critiquer entre nous, de nous interpeller entre nous lorsque ça ne va pas avant que le Conseil national de la communication (CNC) ne puisse abattre son couperet sur l’un des nôtres et que ce soit à ce moment-là que nous commencions à réagir en disant : «Oui le CNC a suspendu tel ou tel organe de presse, tel ou tel media». Il faudrait également que nous ayons cette honnêteté intellectuelle de nous interpeller entre nous lorsque ça ne va pas.