Bamako – Des jihadistes présumés ont attaqué vendredi une base de la force de l’ONU à Tombouctou, dans le nord du Mali, une « opération minutieusement préparée » qui a coûté la vie à un militaire malien, outre au moins quatre assaillants.
Cette attaque, qui s’est achevée en début d’après-midi, intervient au lendemain d’une cérémonie de « sacralisation » des mausolées de la ville détruits par les jihadistes en 2012 et reconstruits grâce à un projet de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
« Les opérations militaires pour anéantir les terroristes sont terminées dans le secteur sud de Tombouctou » autour de « La Palmeraie », un ancien hôtel situé entre l’aéroport et le quartier administratif de Tombouctou, où la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a installé une de ses bases occupée par des policiers nigérians, a déclaré un responsable des opérations militaires de l’armée sur le terrain.
« Il y a eu une double attaque », a-t-il expliqué sous le couvert de l’anonymat, jugeant qu’il s’agissait d’une « opération minutieusement préparée ».
« Dans un premier temps, un premier véhicule des terroristes a forcé un barrage de l’armée malienne, avant d’exploser avec des terroristes devant un camp de la Minusma, dans le but de surprendre, de faire d’énormes dégâts. Ensuite, un second véhicule (…) a suivi pour mener des opérations terroristes », a dit l’officier.
« Pour le bilan, nous avons au moins quatre terroristes tués, dont ceux qui se sont fait exploser dans le véhicule, trois militaires maliens blessés et un autre tué », a-t-il poursuivi, indiquant avoir également connaissance d’un membre de la force de l’ONU et d’un civil blessés.
– Force de l’ONU visée –
Le contingent de policiers nigérians était en cours de déménagement vers un autre site, a indiqué à l’AFP une source de sécurité au sein de la Minusma.
La plupart avaient quitté les lieux, mais il en restait sur place quelques-uns et du matériel appartenant à la Minusma au moment de l’attaque, lancée par « six à sept terroristes », selon la même source.
Selon un habitant des environs, les assaillants avaient « vraiment préparé leur plan ».
« Je crois qu’ils ont fait d’abord exploser leur voiture pour qu’après la Minusma vienne voir les dégâts pour les attaquer encore », a expliqué cet habitant à l’AFP.
« Des jihadistes sont encore là vers le camp, il y a des échanges de coups de feu », a-t-il témoigné en milieu de matinée.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Ces groupes en ont été en grande partie chassés par l’intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Les jihadistes restent toutefois actifs dans cette région où des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix entre le gouvernement, les groupes qui le soutiennent et l’ex-rébellion.
Au moins quatre militaires maliens avaient été tués le 28 janvier dans deux attaques distinctes, un à Tombouctou par un tireur embusqué et trois près de Gao, dans l’est du pays, dans l’explosion d’un engin au passage de leur véhicule.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a également revendiqué l’enlèvement le 7 janvier d’une Suissesse qui vivait depuis des années à Tombouctou où elle était accusée par le groupe jihadiste de faire du prosélytisme.