Franceville, le 08 février 2016, Allocution de S.E.M. Ali BONGO ONDIMBA à la cérémonie de lancement officiel de la phase opérationnelle du Programme GRAINE dans la province du Haut-Ogooué.
Madame le Président de la Cour Constitutionnelle,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Monsieur le Gouverneur de la province du Haut-Ogooué,
Monsieur le Maire de Franceville,
Mesdames et Messieurs les élus nationaux et locaux,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec une immense joie que je me trouve parmi vous ce matin dans le cadre du lancement officiel du programme GRAINE dans la province du Haut-Ogooué.
Même si ce n’est pas une surprise, je voudrais vous remercier pour l’accueil particulièrement chaleureux que vous m’avez réservé au cours de cette visite.
Comme dans les autres provinces, je me réjouis de constater au cours de cette 5e étape que le Haut-Ogooué adhère massivement au programme GRAINE.
Aujourd’hui, j’ai l’honneur de saluer le succès du programme Graine ici dans notre province du Haut-Ogooué. Je suis heureux et fier de vous annoncer que 38 coopératives locales vont recevoir des parcelles de terre, 132 autres compatriotes recevront des agréments, et 81 hectares de parcelles sont en cours de transfert.
Le succès du programme Graine, c’est le résultat de l’engagement des hommes et des femmes qui ont décidé de vivre du travail de leurs mains et de leur amour de la terre. Ces hommes et ces femmes sont des modèles pour l’ensemble de nos compatriotes. Ils incarnent les valeurs les plus nobles du Gabon, celles qui nous permettront de nous développer et de sortir de la dépendance au pétrole.
Permettez-moi, s’il vous plait, de vous présenter un instant, ces héros Gabonais du Haut-Ogooué, les membres des coopératives qui vont s’engager dans GRAINE. Je vous demande de les applaudir, parce qu’ils méritent notre respect.
Au début, GRAINE était un rêve, une idée, puis je l’ai partagé à nos compatriotes. Que n’ai je pas entendu : Monsieur le Président est-ce bien réaliste ? Monsieur le Président vous voulez aller trop vite pour les gabonais. Les critiques n’ont pas manqué. Aujourd’hui GRAINE est une réalité dans 5 provinces du Gabon, et elle le sera bientôt sur l’ensemble du territoire. Des centaines de nos compatriotes ont répondu à l’appel de la terre. Et comme tout le monde le sait, la terre ne ment pas.
Dans 2 mois, nous allons commencer à récolter ce que nous avons semé dans la province du Woleu-Ntem. Nous allons très bientôt apercevoir dans les rayons des magasins et des centres commerciaux, les premiers produits GRAINE : la tomate et le piment du Gabon.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez, la situation économique internationale récente est marquée par la crise du pétrole.
Notre pays qui ne s’est pas encore totalement affranchi de la dépendance vis-à-vis de ce produit de base subit de plein fouet les contrecoups de cette crise pétrolière.
Plusieurs de nos compatriotes qui travaillent dans ce secteur, notamment dans l’Ogooué-Maritime, sont dans une situation particulièrement préoccupante.
Cette situation dramatique, ou les cours du brut ont perdu 70% de leur valeur depuis 3 ans nous interpelle une nouvelle fois sur le caractère aléatoire et incertain de la richesse tirée du pétrole. Voulons nous bâtir notre avenir sur l’incertitude, sur le yoyo des cours mondiaux ? La réponse est non !
Nous ne pouvons pas accepter plus longtemps d’être pris au piège de cette richesse instable et non renouvelable. Nous avons par conséquent besoin de transformer en profondeur notre pays/nous avons besoin de changements profonds.
De ce fait, nous nous sommes résolument engagés dans la voie des changements qui permettront au Gabon d’être un pays auto-suffisant.
Nous continuons à solidifier notre système de santé et à le rendre plus opérant. Nous voulons soulager les souffrances des familles gabonaises. Nous avons aussi engagé notre pays dans un programme d’amélioration et d’expansion de notre réseau routier. En construisant des routes nationales nous facilitons l’acheminement de vos produits vers les consommateurs partout au Gabon.
D’autres projets, qui étaient impossibles à mettre en oeuvre auparavant, vont se développer parce que nous avons mis en place les pré-requis. Je pense à l’énergie, à l’eau, à la fibre optique et à une main d’oeuvre bien formée. L’ouverture, l’année dernière, du Complexe Métallurgique de Moanda, qui a créé plus de 400 emplois directs dans la province, en est un bon exemple. Ce projet n’aurait pas été possible si nous n’avions pas investi dans le barrage du Grand Poubara.
Les économistes et autres spécialistes nous disent que le prix du pétrole va rester faible pendant plusieurs années. Certains experts, qui du reste ne sont jamais venus au Gabon, en concluent que nous allons rentrer en crise. Je viens vous dire que ces personnes ne nous connaissent pas. Ils ne savent pas tout ce que nous avons fait ces dernières années. Ils ne savent pas que nous nous sommes préparés. Ils ne savent pas que nous avons changé. Ils ne savent pas que nous allons continuer notre marche en avant.
Et dans cette marche en avant, le programme GRAINE est appelé à jouer un rôle de catalyseur du changement de notre modèle, de notre logiciel mental.
En effet, à travers le développement des cultures vivrières, l’objectif du programme GRAINE est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, tout en réduisant nos importations.
S’agissant des cultures de rente, l’ambition de ce programme est de faire du Gabon le 2e producteur d’huile de palme et le 3e producteur de caoutchouc en Afrique d’ici 2020.
C’est pourquoi, toute proportion gardée, j’indiquais lors de mon adresse à la nation, que le programme GRAINE est aujourd’hui le plus grand chantier de notre pays, après celui du Transgabonais.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes tous engagés dans un défi historique de faire aboutir ce nouveau chantier comme l’ont fait nos prédécesseurs, tout en évitant de reproduire les erreurs du passé.
Tout comme le Transgabonais, il s’agit également pour le programme GRAINE, d’une question de fierté nationale.
C’est pourquoi, je convie une nouvelle fois les Gabonaises et les Gabonais, dans un élan patriotique, en particulier la jeunesse urbaine, à rejoindre le programme et contribuer pleinement au développement de notre pays.
Dans cette jeunesse gabonaise, je voudrais me féliciter de l’attitude positive des jeunes-filles qui ont répondu promptement à l’appel lancé à Oyem les invitant à prendre part à la formation dans les techniques de gestion agricole. C’est avec un immense plaisir que j’apprends qu’une soixantaine d’entre elles viennent d’être sélectionnées à travers tout le pays pour faire partie de la prochaine promotion de nos compatriotes qui se rendra le mois prochain en formation en Malaisie pour une durée de 4 mois.
Ceci prouve que nous devons mettre encore plus l’accent sur le développement du capital humain que représente le peuple gabonais. Et en particulier les femmes.
Jusqu’à un passé récent, l’accès à certaines opportunités était influencé par des réseaux et les privilèges. Cela nous a empêchés d’utiliser efficacement les compétences, les talents et la force de travail des Gabonais qui n’ont pas de relations ou de contact dans les milieux d’influence. Désormais, nous ne permettrons plus aux réseaux et privilèges de marginaliser l’effort de travail, les compétences et les talents des Gabonais qui ne sont pas associés ou liés à cette culture vouée aux gémonies.
Tout le monde devrait avoir droit à une égalité de chances.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
En ma qualité de Chef de l’Etat, je suis parfaitement conscient que le programme GRAINE n’est pas la solution à tout.
Les populations du Haut-Ogooué, comme celles des autres provinces, sont également confrontées à des difficultés, liées notamment à l’insuffisance et à la détérioration des infrastructures sociales de base.
Dans cette situation économique difficile, le programme GRAINE est aujourd’hui notre meilleure fenêtre pour mobiliser les partenaires extérieurs.
Ceux-ci sont aujourd’hui disposés à soutenir le programme GRAINE dans le volet agricole et les projets connexes (routes, écoles, logement, transport, dispensaires, eau, électricité, etc.).
Ainsi, la Banque Africaine de Développement s’est dite prête à financer les infrastructures agricoles liées au programme GRAINE à hauteur de 164 milliards de FCFA.
Ceci montre que nos partenaires nous font confiance et que le programme GRAINE suscite un engouement tant au niveau national qu’international.
Tout en se félicitant des avancées enregistrées dans l’évolution de ce programme, tous nos partenaires nous encouragent à poursuivre nos efforts et à persévérer.
Mesdames et Messieurs,
Le programme GRAINE doit et va réussir. Pour cela, nous devons apprendre de nos erreurs. Ainsi, nous avons insisté pour qu’on entende les avis de tous les acteurs directs et indirects du programme GRAINE, pour comprendre les attentes des populations et réunir les meilleures idées et propositions. Un forum a été organisé à Libreville en novembre 2015 à cet effet.
En écoutant les conclusions de ce forum, il est apparu que l’inquiétude principale des compatriotes souhaitant s’engager dans le programme tenait à l’absence de revenus avant la première récolte. C’est une inquiétude légitime, à laquelle nous avons décidé de répondre.
Nous vous avons écouté, nous vous avons compris, et nous allons répondre à votre préoccupation.
En guise de réponse, j’ai initié une aide d’encouragement de l’égalité de chances.
J’ai le plaisir de vous annoncer qu’à compter de maintenant, dès le début de leur engagement dans le programme GRAINE, les membres des coopératives recevront une avance de 100 000 FCFA par mois pour faire face aux frais de lancement de leur activité. Les membres des coopératives déjà établies recevront la même somme d’argent pendant la même durée, en guise de reconnaissance des durs efforts qu’ils fournissent en faveur du développement économique du Gabon.
Je confirme que cette décision prend effet à compter de ce mois de février 2016.
Tous les mécanismes ont été mis en place, les modalités et conditions d’attribution de cette avance ont été testés et validés.
Ceci n’est qu’une infime partie de ma vision de l’égalité des chances pour notre pays le Gabon.
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,
Avant de clore mon propos, je voudrais vous renouveler mes remerciements pour votre accueil chaleureux ainsi que mes encouragements aux coopératives et à tous ceux qui oeuvrent à la mise en oeuvre du programme GRAINE dans le Haut-Ogooué.
Mettons-nous au travail et changeons ensemble.
Je vous remercie.
