Une fusillade visant des hôtels fréquentés par des touristes occidentaux et des expatriés a éclaté à la mi-journée à Grand-Bassam. Le groupe Al-Mourabitoune (Aqmi) revendique l’attentat.
Un attentat a eu lieu dimanche à la mi-journée dans la station balnéaire touristique de Grand Bassam, située à une quarantaine de kilomètres à l’est d’Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Selon le président ivoirien Alassane Ouattara, l’attaque a fait 16 morts, dont deux militaires. Elle a été revendiquée au cours de la soirée par le groupe Al-Mourabitoune (AQMI).
Dans la soirée, François Hollande a dénoncé dans un communiqué un « lâche attentat » et annoncé la présence d' »au moins un Français » parmi les victimes.
Tirs depuis la plage
Selon un témoin cité par RFI, des coups de feu à l’arme de poing ont été entendus à la mi-journée depuis la plage jouxtant les hôtels de ce secteur très touristique. Une seconde fusillade a ensuite éclaté à l’intérieur de l’hôtel de l’Etoile du Sud, situé dans le quartier France, fréquenté par de nombreux expatriés.
Plusieurs hommes armés de kalachnikovs sont arrivés vers 13 heures et ont ouvert le feu sur les baigneurs et les personnes présentes sur la plage. Nous avons évacué deux blessés », indique le personnel de l’Hotel Koral Beach, joint par « L’Obs ».
Ces assaillants « puissamment armés et portant des cagoules ont tiré sur les occupants de L’Etoile du sud, un grand hôtel pris d’assaut par les expatriés en cette période de canicule », a expliqué un autre témoin.
Un des témoins a affirmé qu’un des hommes criait « Allah Akbar » (Dieu est grand en arabe).
Le mode opératoire de cette attaque rappelle celle d’un hôtel à Sousse (Tunisie) qui a fait 38 morts le 26 juin et revendiquée par le groupe État islamique (EI) et fait suite à plusieurs attaques en Afrique de l’Ouest visant des lieux fréquentés par des étrangers, à Bamako (20 morts dont 14 étrangers le 20 novembre) ou Ouagadougou (20 morts le 15 janvier).
16 morts, dont un Français
Plusieurs centaines de personnes attendaient toujours à la mi-journée à l’entrée du quartier France, qui marque l’entrée de la vieille ville, séparée de la partie moderne par un pont. Une dizaine d’ambulances étaient également stationnées. Un journaliste de l’AFP a vu une dizaine de personnes, dont une occidentale blessée, évacuées dans un camion militaire.
Selon le correspondant du « Monde », l’hôpital général de Grand Bassam a reçu deux morts et dix-sept blessés en fin d’après-midi, dont deux ont été évacués en direction d’Abidjan.
#Urgent – Côte d’ivoire: Deux morts et dix-sept blessés enregistrés à l’hôpital général de #Bassam selon le médecin général.
— Alexis Adélé (@adele_alexis) 13 mars 2016
Des véhicules militaires, transportant des mitrailleuses lourdes, et des chasseurs traditionnels dozo armés, ont été déployés dans la zone de l’attaque.
Sur les réseaux sociaux, des photos montrent de nombreux corps ensanglantés, ainsi que du matériel militaire – dont des grenades et des chargeurs de kalachnikov – qui pourrait appartenir aux assaillants.
Au total, trois hôtels ont été pris pour cible et six assaillants « neutralisés », a indiqué le ministre de l’Intérieur de la Côte d’Ivoire au cours d’un bref communiqué en début de soirée. Un Français « au moins » fait partie des victimes, a annoncé François Hollande dans la soirée.
Le bilan est lourd, les terroristes ont réussi à tuer quatorze civils et nous avons perdu deux membres des forces spéciales », a déclaré le président ivoirien Alassane Ouattara qui s’est rendu sur les lieux quelques heures après l’attaque, ajoutant que six assaillants avaient également été tués.
L’ambassade de France en Côte d’Ivoire a demandé aux ressortissants français de « ne pas se déplacer entre Assinie, Bassam et Abidjan pour ne pas gêner l’action des forces de l’ordre ». L’ambassade a mis en place une cellule de crise, joignable au 00 225 20 20 05 44.
Un acte revendiqué par Al-Mourabitoune
Le groupe djihadiste Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar – rallié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) – a revendiqué l’attentat dans un communiqué rendu public dimanche soir. Aqmi a mis en avant ses « trois héros » qui ont perpétré l’attaque et a promis davantage de détails plus tard, selon SITE.
On doit à ce groupe des actions d’envergure comme la prise de complexe d’In Amenas en Algérie et les attentats-suicides d’Arlit, au Niger. Ce sont eux qui mènent l’essentiel des actions contre l’armée française au nord du Mali.
L.B. (avec agences)