Cela faisait un certain temps que Marine Le Pen avait déserté les plateaux des matinales. La présidente du FN a en effet souhaité entamer une diète médiatique en amont de la présidentielle, qui s’interrompt ce jeudi avec un retour sur les ondes de RTL. C’est la veille de ce retour qu’a choisi sa nièce Marion Maréchal-Le Pen pour relancer une polémique qui met à mal la nouvelle ligne de communication du parti, construite autour du thème de «la France apaisée».
En déplacement en Italie, la députée du Vaucluse a exprimé auprès de la Ligue du Nord, parti de l’extrême droite régionaliste italienne et allié du FN, ses inquiétudes de voir la polygamie banalisée par la légalisation de l’union des personnes de même sexe. À ses yeux, le mariage homosexuel risque «d’ouvrir la voie (…) à de très nombreuses dérives. D’autres minorités chercheront à faire reconnaître leur forme d’amour, je pense notamment à la polygamie». Une prise de position qui visait à dresser les convergences entre le FN et la Ligue du Nord, alors que l’Italie, dernier pays d’Europe occidentale à ne reconnaître aucun statut aux couples de même sexe, vit un débat agité autour d’une loi, dite «Cirinnà», sur les unions civiles.
Interrogée ce jeudi sur RTL, Marine Le Pen a pris ses distances avec sa nièce: «Ce débat, je crois honnêtement qu’on y a passé trop de temps», tranche la présidente du FN, visiblement agacée de se voir à nouveau confrontée à une polémique sur un sujet qui fait encore débat au sein du parti. «Tout le monde a dit ce qu’il avait à dire», a poursuivi Marine Le Pen, avant de rappeler que son parti proposerait l’abrogation de la loi sur le mariage pour tous et son remplacement par une union civile. L’eurodéputée admet un désaccord avec sa nièce, bien qu’il ne soit «pas un problème» à ses yeux. «Je crois qu’on est très loin de la reconnaissance de la polygamie dans notre pays», a-t-elle considéré, préférant orienter la discussion sur «les autres débats qui existent», comme la PMA la gestation pour autrui auxquelles elle se dit «profondément opposée».
En 2011, Marine Le Pen s’interrogeait elle aussi
Marine Le Pen a pourtant elle-même tenu des propos similaires à ceux de sa nièce en 2011. Interrogée sur France inter, elle déclarait : «Il existe des familles polygames, pourquoi est-ce que demain un certain nombre de groupes politico-religieux ne demanderaient pas que la polygamie, sous prétexte d’égalité des droits, soit inscrite dans le code civil français?». «Vous mettez sur le même plan une analyse politique et juridique», se défend-elle ce jeudi matin. Pour l’ancienne avocate, juridiquement, la reconnaissance du mariage homosexuel ouvre effectivement la voie à une acceptation de la polygamie, même si «politiquement on en est encore très loin». La fille de Jean-Marie Le Pen croit pourtant savoir que la polygamie serait déjà implicitement reconnue par les pouvoirs publics, «puisque les services sociaux la prennent en compte». «Les offices HLM mettent à disposition de ces familles polygames des appartements mitoyens pour permettre aux familles de s’y installer», affirme encore ce matin la candidate à la présidentielle.
Cette nouvelle polémique interne au FN fait écho aux divergences de positions qui sont notamment apparues pendant la campagne des élections régionales. Et constitue un accroc dans la volonté de Marine Le Pen de mieux maîtriser sa communication politique, comme elle le reconnaît elle-même. «C’est justement pour ça que j’ai voulu prendre un peu de hauteur, pour éviter que la vie politique ne se limite à une succession de buzz et de polémiques», relève-t-elle, avant d’annoncer qu’elle ne répondrait plus sur le sujet, «car la parole politique est rare». «Je n’irai désormais que dans des émissions où je pourrai m’exprimer sur de vrais sujets politiques», annonce la présidente du FN.
Marion Maréchal-Le Pen à répondu ce jeudi à la polémique suscitée par ses propos associant le mariage homosexuel à la polygamie. Sur Twitter, la députée a publié un article du magazine Causeur intitulé «Mariage gay et polygamie: à Mayotte, le débat est rouvert», et daté du mois de mai 2013. Une image d’illustration montre des manifestants brandissant une banderolle: «Pourquoi non à la polygamie et oui au mariage gay?». «Pour les cadis mahorais, si le mariage pour tous était vraiment pour tous, alors il devrait aussi logiquement entraîner le rétablissement immédiat de la polygamie dans l’île», souligne l’article.