Une journée de grève générale au Congo-Brazzaville à l’appel de cinq candidats malheureux à la présidentielle du 20 mars. Une journée de protestation contre la réélection du président Denis Sassou-Nguesso, mais l’appel à cette opération ville morte a été diversement entendu.
Cet appel à la ville morte, lancé par les opposants qui contestent la réélection de président Denis Sassou-Nguesso, est diversement entendu et suivi dans le pays. Ce mardi matin, des quartiers périphériques du nord de Brazzaville et jusqu’au centre-ville tout fonctionne comme tous les jours ouvrables ordinaires. Sur les principales artères, les embouteillages sont visibles. Les commerces sont ouverts normalement. Les banques et les administrations tournent bien. Devant les banques, des fonctionnaires forment même des files pour toucher leur salaire tranquillement.
De l’autre côté de la ville, dans les quartiers sud, si les agents sont présents dans les mairies d’arrondissement par exemple, les autres activités sont au ralenti. Les transports en commun sont essentiellement assurés par quelques rares bus de la Société des transports urbains. La circulation n’est pas du tout intense. Les commerces sont pour la plupart fermés. La plupart des habitants sont soumis à la marche à pied.
A Makélékélé, devant un établissement bancaire privé qui d’ordinaire s’ouvre à 8 heures, à dix heures les portes étaient encore fermées. On constate une présence policière dans certains carrefours des quartiers sud. Pas de manifestations ni d’incidents à signaler pour l’heure.
■ L’opposition promet d’autres actions
Cette première opération de l’opposition au Congo-Brazzaville pourrait en appeler d’autres. C’est en tout cas le message envoyé par Claudine Munari, elle est la présidente du Mouvement pour l’unité, la solidarité et le travail (Must), parti signataire de l’appel à la journée villes mortes : « C’est une première qu’on va faire avant les autres actions que nous allons mettre en branle. Là, ça sera une ville morte en rechignant, c’est-à-dire qu’il n’y a personne dans les bureaux, personne au travail. En tout cas, la majorité des personnes restent chez elles. On va évaluer les résultats de la ville morte et on va continuer les actions pour arriver à faire reconnaître les vrais résultats des élections présidentielles ».
Du côté du parti au pouvoir, cette mobilisation de l’opposition n’est pas vue d’un très bon œil. Alors certes, l’opposition a tout à fait le droit de contester les résultats, mais il y a des façons de le faire, estime le secrétaire du Parti congolais du travail (PCT), Pierre Ngolo : « Qu’il y ait des candidats qui pensent que les résultats présentés ne reflètent pas le verdict populaire, ils ont la possibilité d’engager des procédures, conformément à la loi. Plutôt que de faire cela, qu’on ait recours à des moyens peu orthodoxes qui répondent simplement à une volonté d’instaurer le chaos dans la République, ceci nous le déplorons ».
L’opposition a, selon la loi électorale, 15 jours après la proclamation des résultats pour présenter un recours, c’est-à-dire jusqu’au 7 avril.