La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) est parvenue à dégager son résultat net le plus important depuis sa fondation en 1972. Un record dû à une cession d’obligations faiblement rémunérées auprès du Trésor français et qui ont été remises sur marché, a appris « Jeune Afrique »
La BEAC – la banque centrale de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cameroun, Congo Brazzaville, Gabon, Guinée équatoriale, République Centrafricaine et Tchad) – a réalisé un bénéfice record de 160,8 milliards de Francs CFA (244 millions d’euros) en 2015, soit un bond de 540,42% par rapport à l’exercice précédent (25,1 milliards de Francs CFA).
Les premiers dividendes depuis 2009
Fort de ces résultats, le Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC) a décidé le 25 mars de distribuer des dividendes à ses actionnaires, à savoir les États membres, mais son montant n’a pas été dévoilé. Le versement des dividendes n’était pas intervenu depuis 2009 et l’affaire de détournement de fonds de 19 milliards de Francs CFA au bureau extérieur de Paris.
Par ailleurs, le gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama a accordé « à titre exceptionnel » une prime de bilan au personnel calculée sur la base du salaire de mars.
Des cessions de titres
« Ce résultat exceptionnel est le fruit d’une stratégie de gestion des réserves définie depuis 2010 », a expliqué Lucas Abaga Nchama.
Concrètement, il résulte de la revente d’obligations de la BEAC logés dans le compte spécial de nivellement ouvert auprès du Trésor français, par une convention entre la BEAC et le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie français, en date du 5 janvier 2007, a appris Jeune Afrique.
Ces reventes sur les marchés, opérées en trois temps, ont généré 1 515,5 milliards de F CFA (2,3 milliards d’euros), et une plus-value de 136,24 milliards de F Cfa, représentant plus de 84% du résultat net enregistré par la BEAC en 2015. Cette revente a été motivée par la faible rémunération de ces obligations depuis plusieurs années, en raison de la faiblesse prolongée des taux d’intérêt dans la zone euro. Hors de ces cessions exceptionnels, le résultat de la BEAC aurait été en ligne avec l’exercice 2014.
Une petite bouffée d’oxygène bienvenue dans un contexte de ralentissement économique de la sous-région.