Guy Nzouba Ndama a démissionné officiellementde ses fonctions lors d’une séance plénière au Parlement, une démission surprise à l’approche de la présidentielle de 2016, a-t-on appris dans son entourage.
« Le président (Nzouba Ndama) a démissionné de ses fonctions devant ses collègues de l’Assemblée à l’issue de la séance plénière qu’il présidait, en fin de matinée », a déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat l’un de ses proches collaborateurs.
M. Nzouba Ndama, figure politique incontournable au Gabon, « a estimé que les institutions et les députés n’étaient plus respectés (par le pouvoir) et qu’il ne pouvait plus continuer dans ces conditions », a expliqué cette source.
Selon ce collaborateur, l’Assemblée nationale a notamment été le théâtre mardi soir « vers 19h00, d’une arrivée massive de la DGR (Direction générale des recherches) qui a voulu empêcher le trésorier de partir avec des documents de travail ».
Une vidéo de l’annonce de la démission de M. Nzouba Ndama durant la séance plénière a été par ailleurs diffusée jeudi sur les réseaux sociaux par un opposant gabonais.
« J’ai choisi, afin de réhabiliter l’honneur souillé des députés et de la première chambre du Parlement gabonais de remettre mon mandat de président de l’Assemblée nationale entre les mains de mes collègues », déclare Guy Nzouba Ndama, 70 ans, membre du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir ) et président de l’Assemblée nationale depuis 1997.
« Je ne puis cautionner une quelconque jurisprudence qui viserait à fouler aux pieds l’immunité parlementaire dont jouissent les députés, en principe, tout comme la tentative d’intimidation exercée sur ces derniers dans le cadre de leurs fonctions », ajoute-t-il.
Cette démission fracassante intervient alors que des divisions de plus en plus grandes sont apparues ces derniers mois au sein du parti au pouvoir à l’approche de l’élection présidentielle prévue au second semestre 2016.
Mardi trois députés réputés proches du patron de l’Assemblée nationale, Michel Menga, Jonathan Ignoumba et Alexandre Barro Chambrier , qui ont créé récemment un courant frondeur baptisé « PDG Héritage et Modernité » au sein du parti au pouvoir, ont été destitués de leur mandat, selon des procédures contestées par les intéressés.
Ce courant, rassemblant une quinzaine de députés et d’anciens ministres, avait annoncé le 10 mars son intention de présenter un candidat face au président Ali Bongo Ondimba dont il dénonce « le bilan calamiteux », et qui a déjà annoncé sa candidature à un second mandat.
Or, dans un article intitulé « Guy Nzouba Ndama provoque Bongo en duel », la très informée Lettre du continent a affirmé mercredi soir que le président du Parlement annoncerait le 5 avril sa propre candidature, après avoir préalablement démissionné.