L’ancien Président de l’Assemblée nationale, l’honorable Guy Nzouba Ndama a présenté sa démission du Parti Démocratique Gabonais (PDG) et a également annoncé sa candidature aux élections présidentielles de 2016. Voici une retranscription d’une partie de son discours.

« Alors qu’un certain entourage du président de la République démontre qu’il est peu soucieux de l’avenir du Gabon, animé d’un appétit vorace et d’une soif inextinguible d’origine souvent facile, rapide et massif au mépris du mérite, face au constat d’un certain entourage allergique au conseil des aînés et à la contradiction, qui a fini par éloigné le président de la République du dialogue social, de la concertation et de l’esprit de consensus cher à son prédécesseur mais aussi caractéristique de notre scène politique depuis la Conférence nationale, j’ai choisi le pari de continuer à assumer une parole portée vers l’avenir ; une parole portée par une liberté de ton et d’esprit convenable à mes valeurs personnelles des enseignements que j’ai pu capitaliser de mon expérience politique auprès du président feu Omar Bongo Ondimba.

Face à l’indignation des Gabonaises et des Gabonais, au regard de leur pays qui va à la dérive, face à leur coeur qui pleure, au regard de leur cher Gabon pris dans un syndrome de Lubitz, ce jeune pilote allemand qui a amené 190 passagers avec l’avion dans la montagne. Face à tout cela, j’ai choisi cette fois d’entendre leur désespoir.

J’ai choisi de rendre à nos compatriotes la fierté d’être Gabonais.

Pour autant, cette parole libre dépasse le cadre et la coterie des partis politiques, je ne puis continuer de l’exprimer au sein du parti démocratique gabonais sans qu’il n’advienne à être perçu comme une indiscipline malencontreuse.

Aujourd’hui on est en train de faire signer aux députés des engagements de fidélité.

C’est pourquoi donc je présente ici, ma mise à l’écart du cadre réglementaire et statutaire du parti démocratique gabonais.

Cependant, le parti démocratique gabonais restera à jamais dans mon coeur.
J’ai une histoire et un vécu qui resteront la part indélébile de mon attachement à cette formation politique.

Le PDG a balisé les chemins et bercé l’ensemble de ma vie politique. Il continuera ainsi à respirer en moi sur l’étendue de ses valeurs comme un hoquet secouant les entrailles.

Me placer en marge du cadre statutaire et règlementaire du PDG, c’est encore pour moi la seule façon de sauver le PDG de l’avenir.

Mes chers compatriotes, cette décision est assortie d’une autre, la déclaration solennelle de ma candidature à l’élection présidentielle d’août 2016.

En prenant cette décision, je ne veux être ni un héros, ni un martyr, je veux être moi‐même :

Guy Nzouba Ndama, né de feu Paul Ndama et de Martine Malechi. Je suis né le 17 juillet 1946 à Koulamoutou.
Né du croisement de deux tribus du centre Est du Gabon.

Deux tribus pour qui le lient à la terre des ancêtres.

La façon d’habiter cette terre constitue l’objet de la plus grande fierté.

Objet d’un serment, celui de l’aimer, de la sacraliser, de la traiter comme on prend soin de la prunelle de nos yeux. Toute chose qui forme le noeud gordien de leur philosophie existentielle.

Philosophie que ces deux tribus ont en partage que d’autres peuples du Gabon formant ainsi le fond commun de l’imaginaire qui a façonné l’ensemble des valeurs de notre pays.

Tel l’amour de l’autre, l’acceptation mutuelle, la différence, l’unité dans la diversité, la compassion face au malheur, le courage face aux épreuves de la vie, la concertation, la générosité, le sourire, et notre sens légendaire de l’accueil.

Toutes ces valeurs dans lesquelles trempe l’ossature de mon être m’interpellent de façon injonctive.
Elles me somment de sortir de l’égoïsme qui consisterait à me contenter du confort relatif à mon propre sort pour privilégier l’intérêt supérieur du Gabon et la voix de la paix, de la prospérité, du mérite contre les signes inquiétants de dérive et de déclin qui risquent plus que jamais d’obstruer les chemins de son avenir.

Ma décision se résume alors dans un seul souci : Gabon d’abord.

Dès l’instant, j’appelle alors tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs profondes du PDG, j’appelle toutes celles et ceux qui aiment le Gabon, sans distinction politique et par‐delà nos querelles intestines.

J’appelle les Gabonais de l’Estuaire, du Haut Ogooué, du Moyen Ogooué, de la Ngounié, de la Nyanga, de l’Ogooué Ivindo, de l’Ogooué Lolo, de l’Ogooué Maritime et du Woleu Ntem à se lever comme un seul homme, pour répondre à l’appel que je lance ce jour, en vue de sauver le Gabon.

La seule terre que nous ayons, le pays qui hébergera pour l’éternité notre corps et notre âme, comme il héberge le corps et les âmes de nos ancêtres.

J’appelle toutes les forces vives du changement qui veulent avec moi écrire une nouvelle page de notre histoire commune à se mouvoir car, l’heure est grave et c’est ici que la prospérité nous jugera. »