Depuis dimanche, une nouvelle polémique agite le Gabon. Mais la demande en paternité que Joyce Ondo, qui se présente comme l’ancienne compagne d’Ali Bongo Ondimba, affirme avoir déposée devant un tribunal français ne devrait pas avoir de répercussions immédiates pour le chef de l’État gabonais.
Présentant sa fille comme la « Mazarine du Gabon » dans une interview parue dans le Journal du dimanche (JDD) daté du 17 avril, Joyce Ondo explique son geste par le refus du chef de l’État de reconnaître l’adolescente de 17 ans. Depuis, la polémique fait du bruit au Gabon, où la course à la présidentielle prévue pour le mois d’août est déjà bien entamée.
« Aucune procédure en cours »
Contacté par Jeune Afrique, l’avocat de Joyce Ondo, Me Olivier Pardo, indique que « l’assignation a été déposée en mars auprès du Tribunal de grande instance d’Angers » où réside sa cliente, sans apporter davantage de précisions.
Un dossier qui rend « perplexe » l’avocate d’Ali Bongo Ondimba, Claude Dumont-Beghi. « Je suis très dubitative : en l’état actuel, il n’y a pas de procédure en cours car aucune assignation n’a été déposée au tribunal d’Angers », assure maître Dumont-Beghi. Avant de poursuivre : « Si mon client recevait une assignation et que je constate qu’il s’agit d’un abus de droit, alors je riposterais comme il se doit. Mais je considère qu’il s’agit pour l’heure d’une tentative de déstabilisation destinée à alimenter les réseaux sociaux en vue de la présidentielle. »
« C’est une affaire privée »
Si la polémique fait en effet beaucoup parler, elle ne semble pas inquiéter le palais du bord de mer. « C’est une affaire privée, elle ne nous préoccupe pas », assure depuis Libreville le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie Bi Nzé.
« En supposant que ce soit vrai, ce qui est en cause est la filiation de cette jeune femme avec Ali Bongo et non pas Omar Bongo », poursuit le porte-parole, en référence au test ADN évoqué par Joyce Ondo. Cette dernière laisse en effet entendre qu’un test ADN pourrait être demandé à Ali Bongo Ondimba, accusé par certains membres de l’opposition gabonaise d’avoir menti sur ses origines et sa filiation biologique avec Omar Bongo.
Pas d’analyse ADN sans consentement
Reste qu’en matière de test ADN dans ce type d’affaire, la loi française est très claire. Si l’action en recherche de paternité était déposée auprès d’un tribunal de grande instance, un juge pourrait alors demander une expertise génétique : soit un examen sanguin comparé, soit un test ADN. Mais l’expertise n’est pas automatique, comme le précise l’article 16-11 du code civil français : « Le consentement de l’intéressé doit être préalablement et expressément recueilli ».
« Le refus de se soumettre à un test de paternité est susceptible d’être analysé comme un aveu de paternité », précise certes le site du gouvernement français. Mais, quoi qu’il en soit et même si un tribunal finit, au terme d’une longue procédure, par statuer de la paternité d’Ali Bongo, ce dernier ne sera pas contraint de se soumettre à un test ADN.
Claire Rainfroy