Le paysage médiatique gabonais accueille une nouvelle chaîne, la première du pays ayant vocation à traiter en continu des sujets d’information. Gabon 24 a été lancée mardi à Libreville en présence du chef de l’État Ali Bongo Ondimba, à quelques semaines de l’élection présidentielle qui doit avoir lieu fin août.
« Ceci rentre dans le projet qui était le nôtre de pouvoir enrichir le paysage audiovisuel gabonais. Ce que nous voulons, c’est une télévision de qualité », a déclaré à la presse le chef de l’État gabonais devant les journalistes venus assister au lancement de la première chaîne d’information en continu du pays.
Filiale de la chaîne publique Gabon Télévision, Gabon 24 est diffusée sur le bouquet Canal Plus Afrique et a pour vocation de suivre l’actualité gabonaise, mais aussi internationale. Diffusée en direct pendant trois tranches horaires : 6h-9h, 12h-15h et 18h-21h, elle ambitionne à terme d’émettre en continu de 6h à 21h, rapporte une source ayant participé au lancement, qui précise que la chaîne compte notamment dix journalistes à Libreville et huit correspondants dans le pays.
Quel financement ?
Si Gabon 24 est désormais lancée, son modèle économique ne semble pas tout à fait trouvé. La chaîne attend les investissements publicitaires du secteur privé et s’appuie pour l’heure sur les subventions publiques. « Il nous faudra mettre en place les mécanismes d’un financement public avec nos ambitions et les réalités du moment », a expliqué mardi le ministre de la Communication, Alain-Claude Bilie By Nze, cité par l’AFP.
Une question qui explique peut-être les légers cafouillages ayant émaillé les débuts de Gabon 24. « Les moyens ne sont pas tout à fait au rendez-vous : les micros ne fonctionnaient pas bien et le décor est plutôt minimaliste », témoigne François Ndjimbi, rédacteur en chef de Gabon Review présent lors du lancement mardi soir, avant de saluer l’arrivée de cette nouvelle chaîne dans le paysage médiatique gabonais.
« Tant mieux pour tous les candidats »
Mais à quelques semaines de l’élection présidentielle qui doit se tenir fin août, le lancement de Gabon 24 fait grincer les dents d’un certain nombre d’opposants, qui y voient « un outil électoral » aux mains de chef de l’État, candidat à sa succession. « C’est une chaîne de plus au service du pouvoir qui alimente le monopole médiatique du PDG », commente René Ndemezo’Obiang, ancien ministre de la Communication du PDG passé dans le camp de l’opposant Jean Ping.
Des accusations démenties par Ali Bongo mardi soir depuis les locaux de la nouvelle chaîne : « Que ceci arrive à trois mois d’une échéance présidentielle, je dirais tant mieux pour tous les candidats qui vont avoir la possibilité d’atteindre un auditoire beaucoup plus important ».
« Pour ma part, il s’agit d’un espace démocratique supplémentaire. Certains y voient un outil électoral, mais il faut attendre de voir de que cela va donner », nuance le rédacteur en chef de Gabon Review.
Claire Rainfroy