Au Gabon, le président sortant, Ali Bongo, accompagné d’un important cortège, a déposé, dans la matinée de ce samedi 9 juillet, son dossier de candidature dans les bureaux de la Commission électorale nationale et permanente (Cenap) à Libreville, la capitale. Près d’une vingtaine de candidats se sont déclarés à l’élection présidentielle prévue pour se tenir le 27 août.
Il était un peu plus de 11h00, heure locale, lorsqu’Ali Bongo a déposé sa candidature. Un dépôt parfaitement mis en scène. Tous ses principaux soutiens de la capitale ont d’abord organisé une marche avant de se retrouver au rond point de la démocratie. C’est là que, devant plusieurs milliers de ses partisans, il a brandi le récépissé de la Cenap. « Le dossier est là. Il est bien complet. Il ne manquait aucune pièce. J’avais même d’autres pièces qu’ils ne demandaient pas », a dit Ali Bongo à ses partisans.
Le président sortant s’est ensuite acharné contre ses adversaires. « Est-ce que vous me connaissez ? Est-ce que j’ai l’air d’un étranger ? Est-ce que je viens d’ailleurs ? », a-t-il demandé à la foule. « Je ne viens pas d’un autre pays. Je suis Gabonais. Je suis là et je resterai là », a-t-il hurlé.
Ali Bongo faisait ainsi allusion à ses opposants qui le soupçonnent d’être originaire du Biafra, au Nigeria, et qui demandent le rejet de sa candidature en vertu de l’article 10 de la Constitution qui interdit aux Gabonais ayant acquis la nationalité de briguer un fauteuil présidentiel.
Militants d’opposition et partisans du chef de l’Etat non loin les uns des autres
Ali Bongo souhaitait éteindre la polémique sur son acte de naissance. Mais ce n’est pas si facile. Il a eu droit à un comité d’accueil d’un genre particulier à proximité du siège de la Commission électorale. Des représentants de la société civile dont Marc Ona et plusieurs autres mouvements avaient voulu organiser un rassemblement juste à côté du siège de la Cenap.
Pour eux, il s’agit d’une provocation d’Ali Bongo car leur manifestation était prévue plusieurs jours à l’avance à cet endroit. « Il est incongru qu’Ali Bongo choisisse cet endroit pour venir nous insulter ! Nous sommes prêts à barrer la route à sa candidature, avec tous les moyens », a déclaré Marcel Libama, un des organisateurs. Mais la police est venue, selon eux, pour les empêcher de se rassembler. Il y a eu des tirs de gaz lacrymogène, un membre de la société publique blessé, a constaté RFI, ainsi que quelques échauffourées dans les quartiers.
Plusieurs arrestations
Selon une source policière, il y aurait eu 20 personnes interpellées. Dans l’opposition, on dénombre une cinquantaine d’interpellations.
« Il y a des jeunes qui sont opposés à la candidature d’Ali Bongo, car il y a le problème de l’article 10 de la Constitution qui dit qu’Ali Bongo ne peut pas se présenter à une élection tant qu’il ne peut pas prouver sa nationalité gabonaise », explique Chantal Myboto, trésorière générale adjointe du parti d’opposition Union nationale jointe par RFI.
Elle poursuit : « Il y a des échauffourées entre eux et les forces de l’ordre. Il y a eu des arrestations, dont celles de deux syndicalistes : monsieur Jean Rémy Yama, le président du SNEC [Syndicat national des Enseignants et Chercheurs ; Ndlr] et coordinateur des Témoins actifs et puis monsieur Ondo Abessolo Roger, le secrétaire général du Synatrass, le syndicat national des transporteurs. »
Rappelons que le ministre gabonais de l’Intérieur était vendredi dans les bureaux de la Commission électorale pour remettre la nouvelle liste électorale. Cette dernière récapitule au total 628 124 électeurs inscrits. Ils seront donc tous appelés à voter le 27 août.