Évoquant le projet d’exploitation du gisement de fer de Belinga, le président sortant a accusé certains de ses adversaires politiques d’avoir induit l’État en erreur.
A la deuxième phase de sa «tournée républicaine», le président de la République s’est rendu dans l’Ogooué-Ivindo. Face aux populations de Mekambo, il a abordé la question du gisement de fer de Belinga. Affirmant que le Gabon et la province de l’Ogooué-Ivindo fondent beaucoup d’espoirs sur ce gisement, il a saisi l’occasion pour évoquer l’implication supposée de certains de ses adversaires politiques, accusés d’être responsables de l’échec de ce projet. Sur un ton et un style propres aux meetings électoraux et totalement éloignés de l’esprit républicain, Ali Bongo a affirmé que certains de ses adversaires ont fait signer à l’Etat «un mauvais contrat», quand ils étaient aux affaires.
Certains y ont tout de suite vu une accusation portée à l’encontre d’anciens ministres et collaborateurs d’Omar Bongo Ondimba, notamment Jean Ping, sur qui pèsent des soupçons d’un supposé lobbying dans cette affaire depuis sa rupture d’avec le pouvoir en place. Il se dit que l’ancien ministre des Affaires étrangères, né d’un père chinois, aurait œuvré dans l’ombre pour que l’exploitation de ce gisement de fer soit concédée à la société chinoise China machinery engineering corporation (Cmec), adjudicataire du contrat d’exploitation pour une durée de 25 ans au détriment des Brésiliens de Companhia vale do Rio Doce (CVRD). D’autres pensent que ces accusations visent également Casimir Oyé Mba, ministre de la Planification et de la Programmation du développement au moment des faits. Du coup, l’on en vient à s’interroger sur les rôles éventuels de Paul Toungui et Richard-Auguste Onouviet, respectivement ministres de l’Economie et des Mines à la période indiquée. On est même tenté de rechercher le niveau d’implication de certains experts, notamment les conseillers juridiques des ministres concernés ou encore les directeurs généraux des Mines, de l’Energie ou de l’Economie, durant les négociations.
A quelques semaines de la présidentielle, le président sortant a semblé se présenter aux populations de Mekambo comme celui qui a permis de corriger l’erreur commise par un gouvernement au sein duquel il occupait pourtant d’éminentes fonctions. «Ils nous avaient fait signer un mauvais contrat. Si bien que pour reprendre notre bien (…) nous avons dû payer 35 milliards à une société qui n’a rien fait», a-t-il déclaré, affirmant que ce contrat avait été scellé, en réalité, pour contenter «les amis» de la Cmec.
Présenté à l’époque comme le «plus grand projet gabonais du siècle», Belinga est un gisement dont les réserves sont estimées à 1 milliard de tonnes de fer.