Les Gabonais devront encore attendre quelques heures avant de savoir qui d’Ali Bongo Ondimba, candidat à sa succession, ou de son principal adversaire Jean Ping, sortira vainqueur de l’élection présidentielle à un tour.
L’annonce des résultats, prévue dans un premier temps en fin d’après-midi, a en effet été retardée. Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur transmis mardi 30 août, les scores des 10 candidats seront proclamés par le ministre Pacôme Moubelet Boubeya « après la réunion de la Commission nationale électorale autonome et permanente [Cenap, NDLR] qui débutera ce jour à 19h ».
Inquiétude
En attendant, bon nombre de Gabonais attendent la publication des résultats avec inquiétude. Sans doute se souviennent-ils de 2009, quand l’annonce de la victoire d’Ali Bongo Ondimba avait été suivie de nombreux heurts. En particulier à Port-Gentil, la frondeuse capitale économique du pays, qui avait pendant quelques jours vécu au rythme des pillages lors de violences post-électorales meurtrières.
Sept ans plus tard, la ville sera surveillée de près. Alors que les entreprises pétrolières multiplient les licenciements, le risque de débordements inquiète les autorités.
Jean Ping se déclare « élu », Ali Bongo Ondimba se dit « confiant »
Le climat s’est en effet alourdi à l’approche de la proclamation des résultats. Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote samedi, chaque camp s’accusait de fraudes et clamait son avance électorale, sûr de l’emporter.
Alors que Jean Ping se proclamait « élu » dimanche, le porte-parole d’Ali Bongo Ondimba affirmait le même jour que le président était « en possession d’une avance qui ne [pouvait] plus s’inverser », fustigeant au passage les déclarations de l’ancien patron de l’Union africaine et de celles de ses partisans. Parmi ces derniers, le Parti socialiste français, qui s’est fendu dimanche d’un surprenant communiqué appelant à « l’alternance » tout en évoquant une avance au profit de Jean Ping, alors que les résultats continuaient d’être compilés.
Le lendemain, ce dernier annonçait à nouveau sa victoire lors d’une conférence de presse à Libreville. « Le peuple souverain défendra par tous les moyens la victoire que tous les faucons civils et militaires sont en train de vouloir lui voler », lançait l’ancien ministre d’Omar Bongo Ondimba.
Climat tendu
Des « provocations », tançait de son côté Alain-Claude Bilie-By-Nze, porte-parole d’Ali Bongo Ondimba. Il y a encore quelques heures, ce dernier se disait confiant, affirmant attendre « avec sérénité et confiance l’annonce de [sa] victoire ».
Peu propices à l’apaisement, les déclarations victorieuses des deux camps attisent les craintes de violences post-électorales. Cécile Kyenge, eurodéputée présente au Gabon dans le cadre de la mission d’observation électorale de l’Union Européenne (UE), a ainsi évoqué « un climat politique qui au lendemain du vote reste tendu », dans une tribune publiée sur le site de Jeune Afrique.
Quelques heures plus tôt, la représentante de Bruxelles au Gabon, Mariya Gabriel, avait déploré des manquements à la transparence dans la gestion du processus électoral. Un compte-rendu critique, dont le gouvernement gabonais a mis en avant les points positifs, à l’image des « conditions jugées satisfaisantes » lors du vote et du dépouillement ou encore du « calme [pendant] la journée de vote ».
Calme lors du scrutin
À Libreville comme dans le reste du pays, le scrutin de samedi s’est en effet déroulé sans heurts, en dehors de quelques débordements. À Paris, « quelques échauffourées ont été constatées », fait savoir l’ambassadeur du Gabon en France dans un communiqué.
En cause, « des rumeurs infondées » ayant « donné lieu à un attroupement de partisans de l’opposition, rendant le travail de la Cenap et la publication des résultats, dans la sérénité, impossibles » poursuit l’ambassadeur Germain Ngoyo Moussavou. Reste à savoir si ce calme relatif perdurera après la proclamation des résultats mardi soir.
Claire Rainfroy