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Une élection présidentielle sous haute tension au Gabon

L’heure du combat final a sonné samedi 27 août au Gabon pour l’élection présidentielle entre le chef de l’Etat sortant Ali Bongo Ondimba et son principal rival Jean Ping, qui prétend mettre un terme à la dynastie au pouvoir depuis 50 ans.

Un peu plus de 628 000 électeurs sont appelés à choisir leur futur président en se rendant dans les bureaux de vote ouverts de 7 à 18 heures.

Le scrutin à un seul tour se déroule dans un contexte économique très difficile pour le petit pays d’Afrique centrale dépendant des recettes pétrolières, et frappé de plein fouet par la chute des cours du baril. Un tiers des quelque deux millions d’habitants vit dans la pauvreté malgré de grandes richesses forestières et minières.

Dix candidats en lice

Ali Bongo Ondimba, 57 ans, élu en 2009 après la mort de son père Omar resté 41 ans au pouvoir, affronte neuf candidats, dont l’ancien patron de l’Union africaine Jean Ping, 73 ans, plusieurs fois ministre sous Bongo père.

Alors que le président-candidat partait largement favori pour un nouveau septennat face à une opposition dispersée, le rapport de force s’est rééquilibré avec l’alliance de l’opposition autour de Jean Ping le 16 août, deux autres poids lourds de la vie politique locale s’étant désistés.

« Il y a un risque de voir revenir certaines personnes qui ont fait tant de mal à notre pays », a déclaré vendredi 26 août, Ali Bongo en visant Jean Ping, au terme d’une campagne à l’américaine menée à grand renfort de moyens.

Au même moment, l’opposant numéro 1 promettait à des milliers de partisans « la première alternance et la deuxième indépendance » du Gabon, qui n’a connu que trois présidents depuis la fin de la colonisation française le 17 août 1960.

La campagne entre les deux candidats a été délétère, marquée par de violentes invectives. L’opposition a demandé en vain l’invalidation de la candidature d’Ali Bongo, répétant qu’il est un enfant du Nigéria adopté par son père, et qu’il ne peut de ce fait gouverner.

Alerte aux fraudes

Des dizaines d’observateurs de l’Union européenne et de l’Union africaine sont déployés dans tout le pays pour suivre les opérations de vote et de dépouillement.

« Nous savons qu’Ali Bongo va essayer de tricher, tout comme il l’a fait en 2009 », a lancé M. Ping, qui a reconnu avoir été lui-même témoin de fraudes quand il était au coeur du pouvoir sous Omar Bongo. Les deux camps se sont accusés vendredi d’organiser des rachats de cartes d’électeurs.

Autre polémique: les listes électorales comportent de nombreuses incohérences, selon un économiste gabonais, Mays Mouissi. Il pointe une soixantaine de localités avec « beaucoup plus d’électeurs inscrits sur la liste électorale que d’habitants ». Beaucoup d’habitants de la capitale Libreville sont inscrits dans leur village d’origine, rétorque le porte-parole du président-candidat, Alain-Claude Bilie-By-Nze.

La communauté internationale a multiplié les mises en garde envers les autorités gabonaises pour qu’elles garantissent des élections « pacifiques et crédibles ». Vendredi, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a exhorté les candidats « à faire preuve de retenue » et « à s’abstenir de toute incitation à la violence » avant, pendant et après le scrutin.

« Des violences se préparent dans certains quartiers de Libreville et à Port-Gentil. Nous avons déjà identifié les leaders », affirme une source gouvernementale. Par sécurité, les autorités ont fermé les frontières terrestres, maritimes et aériennes jusqu’à 20 heures, samedi.

En 2009, des émeutes avaient éclaté dans la capitale économique Port-Gentil à l’annonce de la victoire d’Ali Bongo.

Le Monde.fr avec AFP

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