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Gabon : un millier d’interpellations depuis l’annonce des résultats

Des forces de l’ordre patrouillent aux abords de l’Assemblée nationale, à Libreville, le 1er septembre.
La situation est toujours tendue au Gabon, où des violences se poursuivaient, jeudi 1er septembre, près de vingt-quatre heures après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo (49,80 %) à l’élection présidentielle. Un succès contesté par son adversaire, Jean Ping, qui aurait obtenu 48,23 %, mais qui revendique lui aussi la victoire.

Après de nombreux heurts entre police et manifestants, souvent pro-Ping, le ministre de l’intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya, a fait savoir jeudi que plus d’un millier de personnes avaient été interpellées dans tout le pays.

« Les élections ont rendu leur verdict »

M. Bongo, au pouvoir depuis 2009, s’est exprimé dans la soirée lors d’une courte déclaration à la presse au palais présidentiel. Il est notamment revenu sur l’incendie qui a été provoqué mercredi soir à l’Assemblée nationale.

« La démocratie s’accorde mal des succès autoproclamés, des groupuscules formés à la destruction. La démocratie s’accorde mal de la prise d’assaut d’un Parlement et de la télévision nationale. »

« Les élections ont rendu leur verdict (…) Qui a perdu ? Un groupuscule dont le seul projet était de prendre le pouvoir pour se servir du Gabon et non servir le Gabon », a poursuivi le président sortant.

Les violences se poursuivent dans le pays

Les pillages se poursuivent à Libreville, le 1er septembre.
Après une nuit de pillages et d’émeutes meurtrières déclenchées mercredi soir, les forces de sécurité quadrillent toujours la capitale, Libreville. Les centres névralgiques du pouvoir sont notamment sécurisés par un important dispositif composé de la garde républicaine, de l’armée, de la gendarmerie et de la police antiémeute. Ainsi, aux abords de l’Assemblée, la police a tenté d’empêcher tout attroupement en tirant des grenades de gaz lacrymogène.

De fortes explosions et des coups de feu ont ainsi retenti dans la matinée de jeudi dans le quartier Nkembo, à Libreville, lors de heurts entre forces de l’ordre et des manifestants protestant contre la réélection de M. Bongo, qu’ils jugent irrégulière. L’armée a par ailleurs fouillé le QG de campagne de Jean Ping « de fond en comble » a fait savoir à l’AFP un des responsables de l’opposition, l’ancien vice-président Didjob Ding Duvungui, qui était lui-même en attente de transfert au siège de la gendarmerie pour y être entendu.

Concernant des victimes, le ministre de l’intérieur, M. Moubelet-Boubeya, a annoncé jeudi soir que trois personnes avaient été tuées.

Une élection jugée irrégulière

Tout a commencé lorsque la commission électorale a annoncé mercredi la réélection du président sortant pour un deuxième septennat avec 49,80 % des suffrages devant son rival Jean Ping (48,23 %). Ce dernier âgé de 73 ans est un ex-cacique du régime du défunt Omar Bongo, le père d’Ali.

Les heurts entre manifestants et forces de l’ordre se poursuivaient jeudi 1er septembre, à Libreville, au Gabon.
L’écart marginal entre les deux candidats représente une différence de 5 594 voix, sur un total de plus de 627 000 inscrits. Ali Bongo devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46 % pour plus de 99 % de participation. « Les Gabonais n’accepteront pas ces chiffres », a menacé aussitôt les résultats connus un porte-parole de Jean Ping.

Pression de la communauté internationale

Comme l’opposition, l’Union européenne, la France et les Etats-Unis ont demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon. « Jean Ping réaffirme vigoureusement, en accord avec l’Union européenne et les Etats-Unis, que le recomptage bureau par bureau devient le seul moyen de garantir désormais la loyauté du scrutin », ont dit son chargé de communication au Gabon, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, et son avocat à Paris, Me Eric Moutet.

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a ainsi qualifié jeudi la situation de « crise profonde ». « Il est important que tous les acteurs rejettent la violence et appellent au calme, écrit-elle dans un communiqué. Toute contestation doit se faire avec des moyens pacifiques afin d’éviter l’embrasement du pays. »

François Hollande, de son côté, a fait part jeudi dans un communiqué de « sa profonde inquiétude et de sa grande préoccupation ». Le chef d’Etat a également appelé « toutes les parties à la retenue et à l’apaisement, ce qui suppose un processus garantissant la transparence sur les résultats du scrutin ».

Les Etats-Unis ont aussi exprimé leur vive inquiétude. « Les élections doivent refléter de manière crédible la volonté du peuple », a souligné le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, appelant les forces de sécurité à respecter les droits des citoyens, et les manifestants à garder le calme.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters

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