Le « dialogue national » entre le gouvernement et l’opposition congolaise a démarré jeudi à Kinshasa dans un contexte tendu. Une partie des opposants considère ce « forum » comme un « piège » du pouvoir à quatre mois de la fin du mandat de Joseph Kabila.
L’ancien Premier-ministre togolais Edem Kodjo, facilitateur désigné de l’Union africaine (UA) a ouvert jeudi 1er septembre le « dialogue national » pour tenter de trouver une solution à la crise politique qui guette la RD Congo. Les tensions sont vives entre les représentants du gouvernement de Joseph Kabila, l’opposition et la société civile.
En cause : la prochaine échéance électorale. L’opposition congolaise craint que le président Kabila, au pouvoir depuis 2001 et à qui la Constitution interdit de briguer un nouveau mandat, ne reporte le scrutin présidentiel pour s’accrocher au pouvoir. Elle craint donc que ce « dialogue national » ne soit qu’un « piège » du camp Kabila.
« Ce n’est pas un dialogue, c’est une réunion de kabilistes élargie aux amis », s’insurgeait Jean-Marc Kabund, secrétaire général du parti d’opposition UPDS, au micro de France 24. Ce dernier a refusé de participer au forum.
Le « Rassemblement », une coalition des forces politiques et sociales autour de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, boude en effet ces assises. Les membres de cette coalition anti-Kabila conditionnent leur participation à une série de préalables dont la libération des prisonniers politiques et d’opinion et l’arrêt des poursuites contre l’opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle.
« Je suis venu ici pour servir le Congo »
Étienne Tshisekedi a par ailleurs récusé Edem Kodjo, le facilitateur désigné par l’UA, qu’il a accusé de prendre parti pour le président congolais. Kodjo avait déjà rejeté cette accusation, la qualifiant « d’injuste ». »Je ne suis pas venu ici pour me mettre à la disposition des causes partisanes. Je suis venu ici pour servir le Congo », a-t-il lancé en ouvrant ce dialogue convoqué depuis novembre 2015 par Kabila.
Du côté du pouvoir, on dit regretter cette désunion politique. « [Ce dialogue], c’est le seul moyen de régler la problématique électorale […] pour qu’elle soit crédible, apaisée et conforme aux standards internationaux », a expliqué Léonard She Okitundu, sénateur de la Majorité présidentielle (MP).
Reste que le climat politique ne cesse de se détériorer en RDC à mesure qu’approche la fin du mandat du président Kabila fixé au 20 décembre. Jeudi matin, des heurts ont éclaté à Kinshasa entre des policiers et des manifestants anti-dialogue dans certains quartiers de la capitale congolaise. Pendant près d’une heure, les gaz lacrymogènes de la police ont répondu aux jets de pierre des manifestants, perturbant les activités et la circulation dans la commune de Lemba, connue comme le « Quartier latin de Kinshasa ».
Avec AFP