Au Gabon, l’opposant Jean Ping affirme à nouveau qu’il est le président élu du pays et continue de demander un recomptage des voix de l’élection, bureau de vote par bureau de vote. Vendredi, la vingtaine d’opposants qui étaient retenus à son quartier général de campagne à Libreville ont été autorisés à quitter le bâtiment. Mais comment vit-on à Libreville, trois jours après l’annonce contestée de la réélection du président Ali Bongo ? Des pénuries alimentaires pourraient bien se produire. D’ores et déjà, RFI a pu observer de longues files d’attente aux boulangeries.
Devant la boulangerie « La Génoise », c’est la foire d’empoigne. Les clients jouent des coudes pour obtenir du pain. Sylvain a attendu cinq heures pour acheter huit baguettes, pas plus. L’entreprise a dû imposer un quota. « Il faut faire la queue, puis il y a un nombre limité de pains à prendre. On vous donne huit pains mais c’est insuffisant car il y a des enfants en bas âge. »
Junior, lui, a environ une centaine de personnes devant lui et se prépare à une longue attente. Mais il sera patient pour nourrir sa famille : « On n’a pas de pain depuis ce matin, alors on est obligés de faire l’achat de pain comme ça. On a laissé les enfants à la maison et ils n’ont pas encore mangé. C’est difficile, ils pleurent. »
« On fait de notre mieux »
Hassan est un des responsables de l’établissement. Depuis les émeutes, il ne compte plus les heures car pour lui, il n’était pas question de suspendre l’activité.
« Vous savez quand il y a une crise à l’extérieur, témoigne-t-il, ce sont les médicaments et le pain qui circulent. On ne souhaite pas la guerre dans ce pays. On fait de notre mieux mais là, on ne peut pas satisfaire tout le monde. C’est ça le problème ».
Huit personnes travaillent alors qu’il en faudrait quinze, selon Hassan. Cependant et malgré la cadence de travail, seules 20 % des demandes sont satisfaites.