Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a exprimé ce lundi «sa vive préoccupation» concernant le sort d’une dizaine de franco-gabonais après les troubles violents qui ont suivi la réélection du président Ali Bongo.
Une semaine après les troubles qui ont suivi l’annonce de la réélection contestée du président Ali Bongo Ondimba au Gabon, la France est «sans nouvelles de plusieurs de ses compatriotes», a déclaré ce lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, dans un communiqué. «Des arrestations ont eu lieu ces derniers jours. La France est sans nouvelles de plusieurs de ses compatriotes. Elle exprime, à cet égard, sa vive préoccupation et demande à pouvoir exercer la protection consulaire telle que prévue par la Convention de Vienne», a déclaré le ministre, qui exprime «sa vive préoccupation». Une dizaine de personnes, possédant toutes la double nationalité franco-gabonnaise, ne peuvent être localisées, a précisé une source diplomatique.
Des manifestations et des pillages ont éclaté dans tout le pays après l’annonce mercredi dernier de la réélection du président sortant, contestée par l’opposition. Au total, ces violences ont fait trois morts et 105 blessés, dont 67 parmi les forces de défense et de sécurité, ainsi que plusieurs centaines d’arrestations, a déclaré le ministre de l’Intérieur gabonais ce lundi. L’AFP a compté pour sa part sept morts, trois déjà annoncés par le ministre jeudi dernier, deux civils à Libreville dans la nuit de jeudi à vendredi, un civil samedi à Port-Gentil et un policier mort des suites de ses blessures reçues à Oyem, dans le nord du pays. Il y a une confusion avec d’autres personnes qui sont mortes de mort naturelle ou dans des rixes mais pas du fait des forces de l’ordre, a expliqué en substance le ministre.
Afin de répondre à la crise post-électorale, l’Union africaine a fait part de sa disponibilité à assister les parties «dans la recherche d’un règlement rapide de la situation post-électorale», selon Jean-Marc Ayrault, qui «apporte son plein soutien» à cette initiative. La France «souhaite que la mission des chefs d’État qui envisage de se rendre à Libreville prochainement soit l’occasion de trouver le chemin vers une sortie de crise» et elle «encourage les autorités gabonaises à l’accueillir dans les meilleurs délais», ajoute le communiqué.
Un protégé d’Ali Bongo démissionne
Après une paralysie totale ces derniers jours, la vie quotidienne a repris, dans un calme précaire. Mais la crise post-électorale n’était pas réglée pour autant. Ce lundi soir, le ministre de la Justice, Séraphin Moundounga, a pourtant annoncé à la télévision d’opposition qu’il démissionnait et qu’il prenait congé «du Parti démocratique gabonais» au pouvoir. Il s’agit de la première défection de haut niveau depuis le début des troubles mercredi dernier. L’ex-ministre a demandé le «recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote et procès-verbal par procès-verbal.» Il s’agit de la principale exigence du rival d’Ali Bongo, Jean Ping, qui se déclare «président élu». De son côté, le pouvoir refuse tout recomptage en arguant que la loi électorale ne le prévoit pas et invite l’opposition à se tourner vers la Cour constitutionnelle.
En cas de nouveau comptage, «si les résultats annoncés sont confirmés, le PDG (Parti démocratique gabonais, au pouvoir) en sortirait grandi et son candidat conforté tandis que l’opposition n’aurait plus rien à redire», a déclaré Séraphin Moundounga en référence à Ali Bongo. «Si par contre les résultats sont infirmés, le PDG devra en tirer les conséquences», a-t-il ajouté. Le ministre de la Justice et des droits humains, considéré comme l’un des protégés du président, démissionne alors que l’opposition peut déposer un recours devant la Cour constitutionnelle jusqu’à jeudi pour contester les résultats de l’élection. Jean Ping a également lancé ce lundi un appel à une «grève générale» pour bloquer l’économie du pays.
«Nous savons depuis longtemps qu’il est de mèche avec (l’ancien président de l’Assemblée) Guy Nzouba Ndama», a réagi le porte-parole du gouvernement Alain Claude Bilie-By-Nze. Guy Nzouba Ndama avait démissionné de son poste en mars dernier avant de se rallier à Jean Ping.