Après plusieurs jours de silence, Ali Bongo et Jean Ping se sont exprimés dans les médias, tandis qu’à Libreville, un hommage était rendu hier soir aux victimes de la crise post-électorale, et que les audiences des personnes arrêtées se poursuivaient au palais de justice.
Les politiques sortent du silence
Après plusieurs jours de silence, durant lesquels l’information était une denrée rare au Gabon, Jean Ping et Ali Bongo se sont exprimés dans les médias français. L’opposant, qui se revendique président de la République et conteste les résultats de l’élection, a accordée une interview à la chaîne de télévision France 24 mardi après-midi, durant laquelle il a dénoncé « un pouvoir qui tue tous les jours », et a nié avoir appelé à la grève générale.
Ali Bongo s’est quant à lui exprimé sur RFI, RTL et Europe 1 mercredi matin. Restant sur sa position, il a affirmé que le nouveau décompte des votes demandé par Jean Ping serait contraire à la loi, et que les violences qui secouent le pays depuis plus d’une semaine sont pilotées par l’opposition.
En réponse aux accusations de fraude dans son fief du Haut-Ogooué, il a critiqué la mission d’observation de l’Union Européenne, et pointé des anomalies dans le camp adverse également : « J’aurais aussi apprécié qu’on relève quelques anomalies dans le fief de monsieur Ping. Si on veut relever les anomalies, il faut être clair, équilibré et relever toutes les anomalies si on en a constaté », a-t-il précisé, alors que l’UE avait dénoncé la veille une « anomalie évidente » dans les résultats obtenus par M. Bongo le 27 août dans son propre fief.
En ce qui concerne la délégation de l’Union Africaine qui devrait arriver sous peu à Libreville, les deux adversaires ont dit qu’ils « l’accueilleraient ».
Hommage aux victimes
Les militants se sont signés un à un devant un petit autel improvisé appelé « Chapelle de la Liberté », devant le siège du parti de Jean Ping, portant encore les marques de l’assaut des forces de l’ordre. Sur fond de chants religieux, 100 à 200 personnes ont écouté des discours très politiques qui ont ponctué cet hommage, pour des victimes dont le nombre fait toujours polémique. Il y aurait eu 3 morts selon les chiffres officiels, 7 selon le comptage de l’AFP, et « entre 50 et 100 » victimes, selon Jean Ping qui s’exprimait mardi après-midi sur la chaîne de télévision France 24.
Quelques personnalités, comme Chantal Myboto, anciennement proche d’Omar Bongo et farouche adversaire du fils Ali, étaient présentes. Aucune apparition en revanche de Jean Ping, dont la maison se trouve à moins d’un kilomètre.
Audiences
A deux kilomètres du QG de Jean Ping, des familles sans nouvelles d’un proche arrêté depuis plusieurs jours étaient soulagées : elles ont pu retrouver un fils ou un frère dans la longue file de prévenus attendant de passer devant un juge.
L’AFP a pu constater que certains, principalement des jeunes hommes, comparaissent parfois à dix pour un rappel à la loi énoncé par le président du tribunal.
Outre le président du tribunal, toutes ces personnes arrêtées comparaissent sans avocat devant le procureur et la doyenne des juges d’instruction, avec des hommes en uniforme dans le box.
Cependant de nombreuses familles sont toujours à la recherche d’un proche disparu.
06 septembre 2016 à 20h55 — Mis à jour le 07 septembre 2016 à 12h37
Par Jeune Afrique avec AFP