Une femme proteste contre les centaines d’arrestations par le pouvoir gabonais, devant le tribunal d’instance, le 6 septembre 2016, à Libreville.
Le calme est revenu à Libreville, où l’activité a repris au ralenti depuis lundi 5 septembre, après plusieurs jours de violences suite à l’annonce de la réélection contestée d’Ali Bongo Ondimba le 27 août. Mais les pressions internationales restent vives pour éviter que le pays ne bascule dans le chaos.
La France, par la voix de son premier ministre Manuel Valls, a fait savoir qu’elle souhaitait un nouveau décompte. « Il y a contestations et des doutes. Les observateurs européens sur place ont émis des critiques sur la base de faits objectifs. La sagesse commanderait de faire un nouveau décompte des résultats », a-t-il déclaré mardi sur RTL.
Comme l’opposition gabonaise, l’Union européenne et les Etats-Unis, Paris avait déjà demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du pays (environ 2 500) sans aller jusqu’à évoquer un recomptage des voix.
Ce nouveau décompte est en revanche réclamé par M. Ping qui a lancé, lundi, un appel virulent à une « grève générale » pour bloquer l’économie du pays et « faire tomber le tyran ». De son côté, le pouvoir refuse tout recomptage, arguant que la loi électorale ne le prévoit pas, et a accusé l’opposant de « complot » par l’intermédiaire du ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nze.
L’Union africaine sort de son silence
Le ministre a également affirmé, lundi soir, qu’un Ivoirien avait été arrêté au QG de Jean Ping. Il a accusé ce ressortissant de manipuler les résultats de l’élection présidentielle. « Nous ne disons pas que l’Etat de Côte d’Ivoire est impliqué, mais des ressortissants ivoiriens haut placés le sont », a tenu à préciser le ministre.
Sortant de son habituelle réserve, l’Union africaine (UA) s’est dite prête à envoyer au Gabon « une délégation de haut niveau composée de chefs d’Etat africains, accompagnés de hauts responsables de la Commission de l’UA et des Nations unies », « dès que les conditions pour une visite seront établies ».
M. Ping est lui-même un ancien président de la Commission de l’UA. Comme nombre de responsables de l’opposition, il a travaillé de longues années aux côtés du président sortant, Ali Bongo Ondimba, ainsi que sous le régime de son père, Omar, qui a dirigé le pays pendant quarante et un ans.
Plusieurs disparus
Les violences au Gabon après l’annonce, mercredi, de la réélection contestée d’Ali Bongo, ont fait au moins trois morts, selon le ministère de l’intérieur. L’AFP, elle, a recensé sept victimes. « Une confusion avec d’autres personnes décédées de mort naturelle ou lors de rixes », a voulu justifier le ministre de l’intérieur.
La France s’est également inquiétée, lundi, d’être sans nouvelles de plusieurs de ses ressortissants binationaux au Gabon. Des dizaines de Gabonais cherchent toujours un proche introuvable depuis les violences et les centaines d’arrestations qui ont suivi l’annonce de la réélection de M. Bongo.
Dans un communiqué, le ministère gabonais des affaires étrangères a confirmé l’interpellation de binationaux par les forces de l’ordre pendant les manifestations post-électorales.
Enfin, lors d’une nouvelle audience de comparution au tribunal de Libreville de ces dizaines de personnes arrêtées, deux frères franco-gabonais, Baptiste, 29 ans, et Cassien, 25 ans, ont été libérés mardi, a pu constater un journaliste de l’AFP.
Le Monde.fr avec AFP