Lors de l’Angelus Place Saint-Pierre, le Pape a évoqué la situation au Gabon, théâtre de violences et d’instabilité après l’élection présidentielle.
Au terme de l’Angelus ce dimanche 11 septembre, le Pape François a appelé les fidèles à prier pour le Gabon exhortant au dialogue. «Je voudrais inviter à une prière spéciale pour le Gabon, qui traverse actuellement une période de grave crise politique» a déclaré le Saint-Père confiant au Seigneur «les victimes des affrontements et leurs proches». «Je m’associe aux évêques de ce cher pays africain, a-t-il poursuivi, pour inviter les différentes parties à rejeter toute forme de violences et à avoir toujours comme objectif le bien commun». Le Pape François a encouragé tous les acteurs de la société «en particulier les catholiques à être des bâtisseurs de paix dans le respect de la légalité, du dialogue et dans la fraternité».
Depuis la proclamation des résultats de la présidentielle le 31 août dernier, annonçant la victoire du président sortant Ali Bongo Ondimba, le pays est plongé dans une profonde crise marquée par des manifestations, émeutes, pillages et arrestations. Selon le ministre gabonais de l’Intérieur, les violences post-électorales ont fait trois morts et une centaine de blessés, mais l’opposition fait, elle, état d’au moins 50 morts dont 17 lors de l’attaque du quartier général de Jean Ping.
Le 8 septembre 2016, le candidat de l’opposition a déposé un recours contre la réélection du président Ali Bongo. Jean Ping a demandé le recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote dans la province du Haut-Oogoué, fief des Bongo, où le président sortant a obtenu plus de 95 % des voix avec plus de 99 % de participation.
Ses partisans restent mobilisés. Une marche blanche a réuni samedi 10 septembre 2016 un millier de personnes à Libreville, en hommage aux victimes des violences qui ont secoué le pays après la présidentielle du 27 août.
En début de mois, dans un message, les évêques du Gabon se sont adressés au peuple gabonais réclamant «une sortie imminente de la crise» en œuvrant en faveur de la réconciliation. Et ils ont jugé indispensable une médiation. Mgr Basile Mvé, président de la Conférence des évêques du Gabon a commencé par rappeler, dans un message, qu’avant l’élection présidentielle, l’Église catholique avait appelé tous les acteurs de la société gabonaise à un vrai jeu démocratique afin de prévenir une crise post-électorale. Or, deplore-t-il, «la situation post-électorale actuelle plonge une fois de plus notre pays dans une crise aiguë et multiforme».
Cette crise a engendré «des pertes en vie humaine, des blessés graves, des destructions des biens publics et privés, des traumatismes de toutes sortes». Les évêques réclament donc «à toutes les forces vives de la Nation, de la majorité comme de l’opposition de se ressaisir pour une sortie imminente de la crise» en s’inspirant «de la sagesse africaine qui veut que, lorsque deux frères se disputent, il est indispensable de faire intervenir un tiers pour la médiation». Faisant référence aux valeurs fondamentales du pays, Mgr Basile Mvé, au nom de tous les évêques, exhorte à «préserver la sécurité des biens et des personnes pour que cesse toute forme de violence».