Au Gabon, à l’occasion de l’Aïd ce lundi 12 septembre, les musulmans ont convergé vers la grande mosquée Hassan II de Libreville. Une fête religieuse sur fond de crise politique alors que la Cour constitutionnelle doit se prononcer sur la réélection controversée d’Ali Bongo.
La mosquée n’est pas assez grande et de nombreux croyants sont rassemblés dans la cour. La sécurité est renforcée. Le président Ali Bongo prie à l’intérieur pour cette fête de l’Aïd, à l’ambiance incertaine.
Certains craignent de nouvelles violences et depuis plusieurs jours, les dignitaires religieux prônent le dialogue. Amadou Khan espère que l’imam et Dieu lui-même calmeront les choses. « Même l’imam prêchera sur cela, surtout pour la paix. Ce n’est pas bon la guerre ici ; c’est un petit pays », dit-il.
Entouré de panneaux électoraux pro-Ali Bongo encore installés, Otto Moussa se tourne vers Allah pour que saccages et pillages ne se reproduisent pas.
« On priait toujours pour la paix parce que le Gabon, c’est un pays de paix. C’est un pays où résident plusieurs ressortissants étrangers avec leurs différences religieuses. Avec nos prières, on demande de l’aide à Dieu. Il n’y a que Dieu qui peut garantir la paix », souligne-t-il.
Malgré la fébrilité ambiante, certains restent sereins. Salou Issa ne croit pas en de nouveaux débordements. « Je ne crois pas à une crise majeure en plus de ce que nous avons déjà vécu, grâce à Dieu. Avec la prière, j’aimerais que tout aille bien et que tout se passe dans de bonnes conditions. Lorsque tu pries, tu pries notamment pour le pays, pour ta famille et pour tout le monde », considère-t-il.
A la sortie de la prière, l’imam Ismaïl Osseini Ossa a demandé aux Gabonais de prendre exemple sur la famille d’Abraham pour éviter les violences.
« Nous nous sommes appuyés sur l’exemple de cette noble famille reconnue par tous les livres divins. Pour ne citer que ceux-là, que ce soit la Torah, l’Evangile, le Coran, tous nous ont relaté cette histoire. L’histoire de la famille du patriarche Abraham. (…) Cette noble famille qui ne s’est pas laissé en proie au Satan. C’est ce vers quoi j’invite toutes nos familles gabonaises – nos pères, nos mères, nos frères et nos sœurs, nos fils et nos filles – vers cette résistance dogmatique. Ils ont réussi à déjouer ce piège de Satan, par la foi, par la confiance mutuelle et c’est ce vers quoi nous invitons afin que ce pays continue à prospérer avec tous ses fils et toutes ses filles. »
Le président Bongo, lui, a appelé à méditer sur la foi avant de prôner la paix. Tous les regards sont maintenant tournés vers la Cour constitutionnelle.