La photo présentée comme datant d’octobre 1966 par Midi Libre, aurait été prise en 1968 © 2016 D.R./Info241
Jeudi, sous la plume de Caroline Froelig, le quotidien régional français Midi Libre publiait une enquête sur l’enfance Arlésienne (près de Nîmes) d’Ali Bongo pour tenter de tordre le coup à une question aujourd’hui lointaine des préoccupations des Gabonais : l’épineuse filiation controversée du président sortant gabonais. Une enquête devenue en quelques jours controversée comme l’ensemble de la biographie-filiation d’Ali Bongo.
Une enquête étonnante et inopportune
Alors que les Gabonais ont les yeux rivés sur la Cour constitutionnelle et son verdict sur la crise post-électorale, Caroline Froelig journaliste française à Midi Libre, nous livre les résultats de son « enquête » grandement relayée par le quotidien régional français (en une puis aux pages 26 et 27 du n°25877) et par Ali Bongo lui-même sur sa page Facebook. La bonne « nouvelle » s’est même amplifiée auprès de ses soutiens galvanisés par cette « découverte » inédite sur le passé tumultueux de celui qui aurait vécu entre 1965 et 1967 dans la capitale des Cévennes, loin prétendument du Biafra.
Pour corroborer son enquête, Caroline Froelig aurait retrouvée une photo de classe de CE1 datant d’octobre 1966 de l’école des garçons du Plan d’Alès (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées). Seulement, selon d’autres mêmes camarades de celui qui sera 50 ans plus tard président du Gabon, cette photo daterait plutôt de 1968. Cette affirmation est de Didier Charrier, un autre camarade de classe d’Ali Bongo qui avait publié la précieuse photo sur le site Copains d’Avant que l’auteure dit pourtant avoir consultée au cours de son enquête.
(INFO241: La même photo de classe publiée sur le site Copains d’Avant. La photo présentée comme datant d’octobre 1966 par Midi Libre, aurait été prise en 1968 © 2016 D.R./Info241)
Selon Charrier, présent sur la photo sur la rangée au dessus d’Ali Bongo (3e à partir de la gauche), cette photo date bien du cour élémentaire de cette école primaire mais de l’année 1968 ! A l’époque, il affirme qu’ils devraient avoir tous entre 8 et 9 ans. Ce qui est bien plausible vu qu’Ali Bongo dit être né en 1959.
L’enquête cite également quatre camarades anonymes d’Ali Bongo à cette époque mais aussi l’instituteur Roland Larguier (83 ans) – et son épouse – qui dit se souvenir de cet « élève moyen » parmi « ceux qui ne se remarquent pas ».
Midi Libre s’embrume dans le passé tumultueux d’Ali Bongo
La différence d’années est très importante car pour rendre la démonstration de Caroline Froelig utile pour Ali Bongo, il fallait que les photos-preuves soient antérieures à 1967, date du début de la guerre du Biafra (Nigéria). Elle conclue d’ailleurs que son « enquête prouve qu’entre 1965 et 1967, un enfant s’appelant Alain Bongo (il est devenu Ali en 1973 quand sa famille s’est convertie à l’islam) était bien écolier dans le Gard ».
Si la photo date comme l’affirme Charrier de 1968, Ali Bongo était-il encore dans le Gard ? La question reste toute posée car la photo étayée par la journaliste comme preuve existe bien sur le site Copains d’avant, une sorte de réseau social vintage qui permet aux anciens camarades d’école de se retrouver après de longues années en publiant leurs photos souvenirs.
Si l’on peut s’étonner de l’opportunisme d’une telle enquête en plein contentieux électoral gabonais, vu qu’Ali Bongo bien qu’au fort d’une polémique lancinante « orchestrée » par son opposition, a bien été finalement candidat au forceps à la présidentielle du 27 août. Le champion du camp au pouvoir avait été sauvé in extremis par la Cour constitutionnelle gabonaise dirigée par sa belle-mère Marie-Madeleine Mborantsuo.
Une énième manipulation du camp présidentiel ?
Les regards se portent désormais sur l’auteur de l’enquête de sauvetage de nouveau controversé du soldat Ali Bongo. Un tour rapide sur son compte Twitter, permet de se rendre compte que Caroline Froelig a, 10 jours avant la publication de son « enquête », multiplié les contacts avec le camp d’Ali Bongo. Surement pour les besoins de son enquête.
Quand on sait que le camp présidentiel sortant, englué dans les accusations de falsification de la biographie d’Ali Bongo, est depuis enclin à des manipulations grossières, il serait de bon aloi d’approfondir cette énième découverte. D’autant que l’instituteur de cette classe Roland Larguier, cité dans l’enquête, est âgé aujourd’hui de 83 ans. On n’est donc pas à l’abri d’erreur mnésique.
De plus, Caroline Froelig s’étant rapprochée des personnalités telles que Alain-Claude Bilie-Bi Nzé, Maixent Accombressi… il est fort à parier que la vérité sur ces faits ait été éludée. A moins que l’argent soit également passé par là !