Le Gabon vit des heures cruciales.
Comme souvent sur le continent africain, le lendemain de l’élection présidentielle a amené son lot de contestations et d’accusations de fraudes en tout genre et venant de toutes parts.
Cela étant, le scrutin s’est déroulé sans incidents majeurs et le déchaînement de violence qui a suivi la proclamation des résultats, s’il a hélas provoqué des morts, a été rapidement contenu. Le pire, c’est-à-dire l’embrasement généralisé du pays, a été évité.
C’est cet acquis qu’il faut absolument préserver dans les jours qui viennent. D’autant que loin des scores soviétiques, le résultat serré qui est sorti des urnes montre assez que le pays est partagé et que la vie démocratique est vive.
Laisser force à la Loi et aux institutions, c’est la responsabilité des dirigeants politiques gabonais mais aussi celle de la communauté internationale au premier rang de laquelle se situe la France.
La Cour constitutionnelle a été, conformément à la Loi, saisie par les deux parties qui y font valoir leur recours.
Il convient donc d’attendre sans agitation ni gesticulation le verdict de cette Cour.
Le Président sortant s’est engagé à en respecter les décisions; il serait souhaitable que son adversaire en fasse de même. Il y a en effet une certaine contradiction à saisir une institution dont on ne reconnaîtrait pas l’autorité.
La France doit elle aussi, puisqu’elle a soutenu ce recours à la Cour Constitutionnelle, faire ce qui dépend d’elle pour en assurer dès demain l’application des décisions quelles qu’elles soient.
Elle doit conseiller aux candidats et à leurs camps respectifs de renoncer à toute violence. De ce point de vue toute déclaration -comme cela a été hélas le cas du candidat de l’opposition- qui anticipe des actions violentes en semblant par avance les justifier, va dans le mauvais sens et attise le risque d’affrontement.
Certes, le déroulement de ces élections et le fonctionnement des institutions ne sont pas toujours parfaitement à la hauteur des critères qui sont les nôtres. Mais y a-t-il pour la France une autre voie que d’appeler à leur respect, d’inciter à l’apaisement et d’aider autant que faire se peut à la réconciliation nationale?
Au nom de l’amitié que nous éprouvons depuis toujours pour le Gabon et son peuple, gardons-nous des leçons de morale et aidons-les à trouver le chemin de la concorde nationale.
Bernard Debré
Député Les Républicains de Paris, ancien ministre de la coopération