Rendant hommage, le 20 septembre 2016, à Yoni Farran Biteghé-Bi-Mba, policier décédé le 13 septembre 2016 à Libreville, des suites d’une blessure par balles consécutive aux émeutes postélectorales à Oyem, le président de la République, Ali Bongo Ondimba a déclaré que lorsqu’un Gabonais tombe c’est «un drame» et quand il y en a plusieurs, c’est «une catastrophe».
Ali Bongo Ondimba s’est prêté aux questions des journalistes en marge de la cérémonie d’hommage officiel organisée à l’Ecole de police d’Owendo, à la mémoire du brigadier Yoni Farran Biteghé-Bi-Mba, 29 ans. Ce policier en service à l’antenne provinciale de l’Office central antidrogue (Oclad) de la province du Woleu-Ntem, a été blessé par une balle tirée d’un fusil de calibre 12, au cours d’une patrouille, lors des violences postélectorales dans la ville d’Oyem. Il est décédé à Libreville le 13 septembre dernier.
Question : Monsieur le président, un mot sur ce que nous venons de vivre ici à l’Escap.
Ali Bongo Ondimba : C’est un moment fort triste, celui que nous venons de vivre: les obsèques d’un jeune homme qui a bien servi son pays et qui est tombé sous des actes de barbaries. Au-delà de cela, je voudrais présenter toutes mes condoléances à toutes les familles qui ont perdu des êtres chers au cours de ces dernières semaines dues à la violence qui s’est emparée de certains.
Un mort est un mort de trop. Nous devons tout faire pour que cela ne puisse plus se répéter. Rien ne peut justifier la violence extrême, rien ne peut justifier la barbarie, rien. Et c’est avec la douleur que nous rencontrons les familles éplorées et vous lisez dans leurs yeux des questions: pourquoi tout cela? Nous sommes dans un Etat de droit, un pays civilisé qui a des lois. Quelle que soit la situation que l’on vit, il y a des lois qui peuvent traiter tous les cas et tous les problèmes. Il n’y a donc aucune justification pour que nous puissions vivre de tels moments. J’ai eu beaucoup de chances, je dois le dire, en tant que ministre de la Défense, puis chef de l’Etat, de ne pas avoir à assister à de nombreuses cérémonies comme celles-là. Nous avons eu des troupes déployées sur des terrains plus dangereux et grâce à Dieu, elles sont souvent revenues saines et sauves. C’est la raison pour laquelle, vous me voyez choqué par ce qui s’est passé et par ce que nous venons de vivre. Nous devons tous, Gabonaises, Gabonais, crier d’une seule voix «Plus jamais ça!».
Qui est responsable de cette violence?
Les hommes. Ce sont les hommes.
Quelles sont les mesures prévues pour que cela ne se reproduise plus ?
Nous avons indiqué qu’il fallait qu’on se parle. Moi j’étais décidé à ouvrir ce dialogue, mais ça ne se fait pas seul. Il faut être plusieurs et le désirer. La paix, il faut aussi la désirer. Il nous faut donc éviter de poser des actes, de prononcer des paroles, il faut éviter de dire des choses qui peuvent encourager la violence.
Les Gabonaises et les Gabonais ont peur.
Je comprends l’inquiétude des Gabonais. Nous allons tout faire pour que le calme revienne sur l’ensemble du territoire. C’est notre devoir de protéger tous ceux qui vivent sur notre territoire et nous allons le faire.
Etes-vous confiant aujourd’hui, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Présentement je suis plus résolu que jamais à amener la paix. Comme je l’ai dit, je n’ai pas l’habitude d’assister à ce type de cérémonies. En tant que Gabonais, cela nous choque. Nous sommes Gabonais, une petite population. Un Gabonais qui tombe c’est un drame. Quand il y en a donc plusieurs, c’est une catastrophe. Nous devons tout faire pour ne plus connaître ce genre de choses.
Quelles mesures pour prévenir des troubles à de l’annonce du verdict de la Cour Constitutionnelle?
Le gouvernement s’attèle à faire en sorte que nous puissions rester en paix et que la situation reste calme. Nous appelons tous les Gabonaises et les Gabonais à respecter les lois de ce pays et à attendre tranquillement la Cour constitutionnelle. Et lorsqu’elle aura donné sa décision, il faut que chacun, démocrate que nous sommes, puissions l’accepter.
Les experts de l’Union Africaine (UA) vont-ils finalement venir?
Ils vont venir.