La Cour constitutionnelle du Gabon ne recevra à priori pas les experts de l’UA qui se proposaient pour surveiller le recomptage des procès-verbaux du Haut-Ogooué. Cette mission au Gabon ne sera pas nécessaire, d’après un responsable de l’institution à RFI.
La Cour constitutionnelle du Gabon refuse de s’inféoder à l’UA
Pour la validation ou non de la réélection d’Ali Bongo, c’est la Cour constitutionnelle gabonaise qui sera compétente pour examiner les différents procès-verbaux litigieux du vote. Alors que l’UA se dit prête à envoyer une équipe d’experts sur place pour aider au recomptage des voix, un dirigeant de l’institution gabonaise explique qu’aucune mission du genre ne sera acceptée sur le territoire pour trancher l’élection présidentielle pour laquelle M. Jean Ping conteste la victoire d’Ali Bongo.
« Les juges de la Cour constitutionnelle rendent leur verdict au nom du peuple. Ils prêtent serment. Ce que ne font pas les juristes de l’Union africaine », tient à rappeler le représentant de l’institution, selon Radio France Internationale. Ce dernier explique ainsi que seule l’institution dirigée par Marie-Madeleine MBORANTSUO peut décider ou non de la réélection du président Bongo. Cette dernière est faussement accusée d’être proche du président sortant pour avoir été une des compagnes de son défunt père, Omar Bongo Ondimba. Seulement, M. Jean Ping est lui aussi un proche de la famille puisqu’il est l’ancien époux de la sœur du président gabonais, Pascaline Mferri Bongo Ondimba, avec qui il a eu deux enfants.
Marie-Madeleine MBORANTSUO vraiment plus Bongo que Jean Ping ?
Et M. Jean Ping qui a été l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine, institution qui veut dépêcher ces experts dans le pays pour arbitrer le réexamen des votes, est un ancien cadre septuagénaire du régime d’Omar Bongo. Il insiste pour que des institutions internationales s’approprient le processus de recomptage des voix de cette élection gabonaise. Problème, il avait refusé d’accéder à la demande du même genre de l’ancien président de la Côte d’Ivoire, M. Laurent Gbagbo, lors de la crise postélectorale de 2010. Cette crise a fait 3000 morts lorsque les rebelles d’Alassane Ouattara, appuyés par les soldats de l’ONUCI et de la Force Licorne se sont lancé à l’assaut d’Abidjan pour déloger de force Laurent Gbagbo du pouvoir alors qu’il avait été déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel de son pays.
Le dirigeant de la Cour Constitutionnelle gabonaise affirme, selon la radio, qu’il n’y aura même pas de recomptage des procès-verbaux, mais un contrôle de leur régularité. « Un travail pour lequel la venue d’experts de l’UA n’est pas nécessaire.» Il faut dire que la grande proximité qu’il y a entre M. Jean Ping et cette institution qu’il dirigeait encore jusqu’au 15 octobre 2012, et au sein de laquelle il compte encore beaucoup d’amis n’est pas de nature à rassurer la Cour constitutionnelle gabonaise.
Quelle confiance accorder à l’UA ?
Cette mission est d’autant plus inutile que l’UA est régulièrement accusé d’ignorer ‘volontairement’ les rapports de ses propres experts non favorables aux amis de certains chefs d’État. Une fois encore, dans le cas de l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire de 2010, elle avait rangé au placard le rapport produit par l’ancien premier ministre du Togo, M. Joseph Kokou Koffigoh. Celui-ci disait que le résultat de cette élection présidentielle en Côte d’Ivoire avait été faussé par les rebelles pro-Ouattara dans le nord du pays, ce qui n’avait pas empêché l’UA de reconnaitre la victoire de Ouattara, un proche de Jean Ping.
L’Union africaine reconnait avoir envoyé des notes explicatives de la mission de ses experts à Libreville. Sans succès. « La Cour ne veut pas de notre équipe », aurait confié un représentant du département Paix et sécurité de cette institution, selon nos confrères de la radio. Dans l’état actuel des choses, c’est la décision de la Cour constitutionnelle du Gabon qui va trancher, dès le vendredi 23 septembre prochain, la polémique sur la réélection ou non d’Ali Bongo. C’est d’ailleurs elle seule qui est compétente pour trancher cette question