C’est en principe aujourd’hui que la Cour constitutionnelle doit rendre sa décision sur le contentieux postélectoral qui oppose le président Ali Bongo à son rival Jean Ping. Les Gabonais « craignent le pire », souligne Gabon Eco. Et les populations procèdent en ce moment au « ravitaillement de leurs garde-manger » car elles redoutent la « destruction des magasins ». De leur côté, les opérateurs économiques « ne sont pas non plus sereins et ravitaillent leurs commerces en denrées alimentaires de première nécessité ». Quant aux débits de boisson, ils « enregistrent dans le même temps une baisse de leur activité ». Comme le souligne ce journal en ligne, « la psychose est bien présente dans les esprits ».
Et pas seulement au Gabon… Ailleurs, en Afrique, aussi. A commencer par l’Afrique centrale en général et le voisin mitoyen à l’est du Gabon, la République du Congo, en particulier.
C’est ainsi que Les Dépêches de Brazzaville anticipent le pire si la décision de la Cour constitutionnelle gabonaise n’est pas fondée « de façon indiscutable ». Alors, prévient ce quotidien congolais, le Gabon « s’enflammera de nouveau, mais cette fois durablement et les pays qui l’entourent verront affluer vers eux des dizaines de milliers de citoyens fuyant leur patrie plongée dans le chaos ».
Développant sans attendre ce scénario du pire, Les Dépêches de Brazzaville lancent un cri d’alarme. Le Congo « se trouvera alors confronté de nouveau à un problème humain qu’il lui sera impossible de résoudre seul, alerte le journal. Car la très longue frontière commune qu’il a avec le Gabon et qui s’étend de la province du Haut Ogooué jusqu’aux rivages de l’océan Atlantique sera inévitablement franchie par des milliers de familles chassées de leur foyer par la peur. Tout comme cela s’est produit il y a quelques mois à la frontière de la Centrafrique et il y a quelques années à la frontière de la RDC, le Congo verra affluer vers son territoire une masse humaine en quête de paix », s’alarme le confrère brazzavillois.
Un comble à ses yeux, alors que la communauté internationale, réunie pour la soixante-douzième assemblée générale des Nations unies, se demande « comment gérer le flux des migrants qui tentent de gagner l’Europe ». Or pour Les Dépêches de Brazzaville, que « le pire » se produise à nos portes est « probable », énonce encore ce quotidien congolais.
Gabon : les nerfs à vif
Vive inquiétude également en Afrique de l’Ouest. Au Burkina Faso, L’Observateur Paalga n’écrit pas autre chose en estimant lui aussi en effet que « c’est un vendredi de tous les dangers qui s’annonce au Bongoland ». Et, selon ce confrère, « il faut sans doute s’attendre à ce que le Gabon connaisse de nouveau des jours de tourmentes dont on ne sait sur quoi ils peuvent déboucher ».
Crainte partagée par le quotidien burkinabè Le Pays, qui lance un « avis de tempête sur Libreville. […] C’est le vendredi de tous les dangers pour le Gabon ».
Quelle sera la décision de la Cour de Libreville ? Pour ce journal ouagalais, la réponse est toute trouvée. « Sans jouer au charlatan, l’on peut se risquer à dire […] que la victoire d’Ali Bongo Odimba est actée. Le contraire, en tout cas, aurait de quoi scier le souffle, car […] dans l’histoire récente du continent, exception faite du Niger et plus récemment des Comores, aucune Cour constitutionnelle n’a eu suffisamment de poigne pour remettre en cause l’élection des princes régnants », prophétise Le Pays.
Toutefois, le pire n’est pas certain et Afric Telegraph fait un peu le Maître Jacques, il faut bien en convenir, en lançant ce très fair-play slogan de circonstance : « que le meilleur gagne. La démocratie n’est possible qu’avec des hommes démocrates. Seule restera alors au candidat vaincu d’appeler le vainqueur pour le congratuler “beau fraternellement”. Après tout, il s’agit bien d’une affaire de famille… », soupire, manifestement sans trop y croire, Afric Telegraph…