Les principaux «amis» du Gabon ont accueilli froidement ce week-end la validation de la réélection du président Ali Bongo Ondimba. Aucun grand pays n’a encore félicité publiquement Ali Bongo pour sa réélection. La plupart ont pris acte et ont lancé des mises en garde. Mais le « prendre acte » est une formule diplomatique qui cache bien des nuances.
Idriss Déby, le président en exercice de l’Union africaine, a pris acte samedi de la validation de la réélection d’Ali Bongo à la présidence gabonaise. Mais derrière cette formule diplomatique peut se cacher soit un soulagement soit une gêne démocratique, que l’on soit à Rabat, Washington, Paris, à l’ONU ou à l’UA.
L’axe Rabat Libreville est historiquement fort. Le palais royal est satisfait, mais cache sa joie, voulant s’inscrire dans le concert international des réactions en demi-teintes. L’UA, elle aussi prend acte après avoir observé dans le plus grand secret le travail de la Cour constitutionnelle et après avoir remis un rapport tout aussi secret à Idriss Déby. Le patron de l’UA, compagnon de route d’El Hadj Omar Bongo, dit-on, sourirait en privé des remontrances faites au fils Ali, « élu grâce à quelques milliers de voix seulement ».
Pour Washington, Paris, Bruxelles, « l’essentiel, c’est que la crise post-électorale ne se transforme pas en un foyer de tension. Il ne faudrait pas que le Gabon s’ajoute à la RDC et au Burundi. »
Ban Ki-moon, lui, affirme avoir pris note. « Face à cette mollesse diplomatique imposée, dit un observateur, Ali Bongo a beau jeu de marteler que l’ingérence n’est pas une bonne chose. Le locataire du palais a compris que la pilule du 27 août serait digérée, assortie de la promesse d’un dialogue national. »