Au Gabon, la plupart de ceux qui avaient été arrêtés jeudi matin dans les locaux du groupe de presse Nord Edition ont été libérés vendredi soir 4 novembre. Ces journalistes, personnels administratifs ou autres appartenaient aux journaux Echos du Nord et Faits Divers, réputés proches de l’opposition. Des agents armés en civil avaient fait irruption dans les locaux et interpellé tout le monde, soit neuf personnes selon le gouvernement, quatorze d’après les responsables du groupe. Selon le ministre de la Communication, l’opération faisait suite à un article d’Echos du Nord affirmant que le chef des renseignements, le général Célestin Embinga, avait été arrêté et interrogé notamment pour une tentative de coup d’Etat, avant d’être libéré. Désormais, seule la rédactrice en chef adjointe du journal est toujours détenue.
C’est une affaire pour le moins rocambolesque. Après la descente de police chez Nord Edition, les autorités ont été critiquées pour la méthode employée, décrite comme brutale. Les patrons du groupe de presse, des politiques ou encore Reporters sans frontières sont montés au créneau. Pourquoi ne pas avoir exercé un droit de réponse, porté plainte ou saisi le Conseil national de la communication ?
Devant la presse en fin de journée, le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie Bi Nzé, a justifié la réaction des autorités. « Lorsque de pseudo-journalistes écrivent des articles qui n’ont aucun fondement, c’est inacceptable, dans la mesure où ce n’est pas vrai, c’est une manipulation qu’on a voulu faire. C’est pour ça qu’ils ont été non pas arrêtés, mais interpellés pour être entendus dans le respect de leurs droits », affirme-t-il.
« Ils veulent accéder à nos sources »
Pourtant, quelques heures plus tard, la plupart des prisonniers ont été relâchés. Jonas Moulenda, directeur de la rédaction de Faits Divers, dit qu’il a menacé le général Embinga de divulguer des informations compromettantes. Ce qui selon lui aurait entraîné ces libérations.
Mais Désiré Ename, copropriétaire de Nord Edition, continue de s’insurger. « Tout a été fait dans l’arbitraire, dans l’anarchie, dans l’esprit de vengeance, de règlement de comptes. En réalité, ils veulent accéder à nos sources, soutient-il. On est dans une situation de transgression qui est légalisée malheureusement par les autorités en place. »
Selon les responsables de Nord Edition, plusieurs employés auraient été victimes de mauvais traitement et menacés de mort. Vendredi soir, leur avocat ne savait pas si des charges étaient retenues contre eux.