Au Gabon, les tractations en vue d’un dialogue national ont commencé en théorie ce lundi. Depuis sa réélection, le président Ali Bongo tend la main à ses adversaires et souhaite une concertation inclusive pour « sortir définitivement de la logique du conflit permanent », avait-il déclaré lors de sa prestation de serment. Les réformes institutionnelles et électorales, réclamées par l’opposition, devaient être sur la table. Mais le chef du gouvernement parviendra-t-il à faire venir tout le monde à la table des négociations ? Rien n’est moins sûr.
Le « non » au dialogue d’Ali Bongo a jusqu’à présent été suivi par l’opposition. Seules quelques rares personnalités comme l’ex-directeur de campagne de Jean Ping se sont déclarées favorables. Et René Ndémézo Obiang est vu désormais comme un traître par certains.
« C’est un subterfuge pour gagner du temps, organiser la CAN et repartir comme si de rien n’était », estime Alexandre Barro-Chambrier. Le président d’Héritage et Modernité pour qui la priorité c’est de rester unis, « même si certains reçoivent des propositions du pouvoir », dit-il.
Pour contrer le chef de l’Etat, Jean Ping a annoncé son propre dialogue. « Des commissions ont été créées et on prépare méthodiquement », explique son directeur de cabinet Joseph John-Nambo. Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, de l’Union nationale, attend des concertations larges au niveau des participants et des thèmes, en abordant aussi les situations économique et sociale.
Vers un troisième dialogue ?
Sauf que c’est Ali Bongo qui a le pouvoir. « Alors, comment faire se concrétiser nos résolutions ? », s’interroge Casimir Oye Mba. L’ancien candidat rallié à Jean Ping fait lui une proposition iconoclaste : un troisième dialogue pour faire la synthèse des deux autres. Une position qui fait grincer quelques dents.
Jean Ping a une stratégie du tout ou rien, estime Faustin Boukoubi. Le secrétaire général du parti au pouvoir PDG indique qu’il faut rassembler toute la classe politique, sans condition préalable. « Si Jean Ping est un patriote, il doit parler avec nous », conclut-il.