La France continue de ménager le pouvoir gabonais. Alors que l’opposant Jean Ping est en tournée en Europe et aux Etats-Unis, et qu’il continue de contester la réélection d’Ali Bongo, jeudi 17 novembre, le Gabon est apparu au menu du Sénat français. C’est durant une séance de questions au gouvernement que le sénateur UDI Jean-Marie Bockel, soutien affiché de Jean Ping, a pris la parole. Il a sous-entendu que le président gabonais avait triché, ajoutant que la violence et les arrestations se répandaient dans le pays. Le ministre des Affaires étrangères a répondu que la « Françafrique » était terminée.
Jean-Marie Bockel appelle Jean Ping « mon ami ». Début novembre, il l’a invité à un colloque où certains lui ont même donné du « monsieur le président ». L’UDI dénonce le manque de courage du gouvernement français, pour ne pas avoir reconnu la victoire de Jean Ping à la présidentielle. Ce jeudi, au Sénat, Jean-Marie Bockel en a donc remis une couche : « Personne ne serait être dupe d’un tel résultat. Depuis la violence se repend dans le pays. Autant il ne nous revient pas d’arbitrer un conflit interne à un Etat indépendant, autant monsieur le ministre, la France ne peut rester passive devant un tel déni démocratique. »
Fin septembre, alors que la Cour constitutionnelle confirmait la victoire d’Ali Bongo, Jean-Marc Ayrault avait estimé que les doutes n’étaient pas tous levés. Mais le Premier ministre, Manuel Valls, a changé de ton un mois plus tard, parlant d’un seul président et appelant au dialogue. Jeudi, Jean-Marc Ayrault a appelé à une sortie de crise définitive : « Il reste à organiser au Gabon des élections législatives. Je souhaite que cette nouvelle phase de consultation soit l’occasion de sortir de la crise politique actuelle. Pendant des années, la Françafrique a symbolisé une absence de transparence, cette période est terminée. Les relations entre la France et ses partenaires africains, c’est dans la clarté, dans l’amitié, dans la solidarité, mais dans le respect de l’intégrité et l’indépendance de chacun de ces pays ».
Le ministre a rappelé que la France n’était pas indifférente, qu’elle avait été attentive à la sincérité du scrutin. Il a aussi dit attendre le rapport des observateurs européens.