Jean Ping a tenu des propos très peu glorieux sur la crise post-électorale de 2010 en Côte d’Ivoire. Le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle au Gabon donne l’impression de se retourner aujourd’hui contre ses amis d’hier.
Jean Ping se venge-t-il de Ouattara et Sarkozy ?
Jean Ping continue de faire le tour du monde avec le naïf espoir de faire partir Ali Bongo du pouvoir au Gabon. L’ancien président de la Commission de l’Union Africaine a d’abord fait un tour à Paris où il a laissé un doute dans l’esprit de certains de ses partisans dans la lutte anti-Ali Bongo. Ping était à la manifestation organisée par ses camarades pour exiger le départ de son rival du pouvoir. Non seulement il est arrivé en retard sur le lieu du rassemblement, mais il se fera en plus remarquer pour n’être resté qu’une vingtaine de minutes, temps de discours compris.
Certains de ses militants s’interrogeaient sur place sur le manque d’égard de Ping vis-à-vis d’eux. Mais Ping n’a pas le temps, il avait d’autres rendez-vous plus importants. Le candidat du FUOPA devait rencontrer un journaliste, le seul à avoir fait le déplacement pour couvrir la manifestation boudée par le gratin du milieu du journalisme français.
Pendant ce temps, Manuel Valls était à Abidjan où il a rencontré Alassane Ouattara. Alors que Jean Ping espérait un retour d’ascenseur du tenant du pouvoir en Côte d’Ivoire, il a gardé un gout amer de cette entrevue entre les deux hommes. Là où il espérait une pression de Paris sur Bongo, espérant qu’ADO pousserait dans ce sens, Ping n’a eu droit qu’à un glaçant discours du Premier ministre français. Manuel Valls demande à l’opposition gabonaise de discuter avec son pouvoir. En d’autres termes « démerdez-vous avec vos problèmes ».
Sans le faire savoir publiquement, Ping dit désormais ne plus rien attendre de Paris et Abidjan. Maintenant, il l’ouvre un peu plus sur l’affaire Gbagbo qui a créé un rejet de sa personne dans l’opinion africaine. Celui qui voulait diriger les Gabonais avoue son rôle de marionnette à la tête de la commission de l’UA.
« Je n’ai jamais été pour le transfert de Gbagbo à la Haye. Ouattara avait accepté de discuter avec Gbagbo. Quand j’ai été informé de cette décision, j’ai dansé dans ma chambre», dira-t-il devant ses partisans aux États-Unis, de plus en plus soucieux du rôle qu’il a joué lorsqu’il était aux affaires au haut niveau de la politique africaine. « Et c’est au moment où on s’apprêtait à rendre cela effectif que Sarkozy est venu bombarder Gbagbo », rajoute-t-il maintenant qu’il sait que Nicolas Sarkozy ne reviendra a priori plus à la tête de la France.
Idriss Déby qui est l’actuel patron de l’UA a d’ailleurs félicité de façon chaleureuse « son ami Bongo », réélu par le peuple gabonais. Il propose lui aussi des discussions pacifiques entre opposition et pouvoir gabonais. La réponse de Jean Ping, il n’attend rien non plus du président tchadien. D’où viendra donc le secours alors…?
Et comme toujours, comme s’il n’analysait pas les paroles qu’il prononce, Jean-Ping rajoute qu’à la tête de la commission de l’Union Africaine, il ne faisait qu’une itération de ce qui avait été décidé par les chefs d’État. « Je ne faisais que dire ce que les chefs d’État voulaient que je dise », assume-t-il sans honte de n’avoir été qu’un pion. Avec cette crétinerie, Ping montre qu’il aurait été incapable de défendre efficacement les intérêts du peuple gabonais qu’il aspirait à diriger.
Pour Ping, faire croire désormais que Ouattara avait planifié le bombardement de Gbagbo, son arrestation et sa déportation à la CPI avec Nicolas Sarkozy va lui permettre de se décharger de sa responsabilité sur ce dossier. « L’histoire est têtue », disait l’autre! C’est bien Jean Ping qui disait que « la réouverture des résultats de l`élection (en Côte d’Ivoire) serait une grave injustice et un précédent fâcheux. L’Union Africaine (dont il était Président de la commission) ne reviendra pas en arrière. Il y a des gens qui demandent de recompter les voix. Les opinions sont libres. Les gens sont libres de dire ce qu’ils veulent. Mais, nous, (pas pour les chefs d’État africains) notre position est claire… On ne reviendra pas en arrière, pas de recomptage, parce que Gbagbo a perdu les élections ».
Quelle valeur peut-on aujourd’hui accorder à ce que dit Jean-Ping ? Il se murmure en tout cas dans les milieux obscurs de Paris qu’une action du groupe terroriste Boko Haram au Gabon est souhaitée par certains membres du clan Ping, désireux de rendre ingouvernable le pays pour forcer le départ d’Ali Bongo. Ces derniers rêveraient de s’emparer de puits de pétrole du pays pour asphyxier un peu plus économiquement le pouvoir en place. Un homme prevenu en vaut deux.