Favorable au dialogue national appelé par Ali Bongo, le Secrétaire général exécutif du Bloc démocratique chrétien (BDC) n’en pense pas moins que celui-ci n’aura plus d’impact qu’avec «les vrais opposants» du président de la République. Il a fait plusieurs propositions au gouvernement.
Au Bloc démocratique chrétien (BDC), on l’assure, le dialogue est la seule voie qui permettra au Gabon de sortir de la crise sociopolitique actuelle. Et si l’on estime que c’est une bonne chose que certaines personnalités de l’opposition, y compris des candidats à la dernière présidentielle, aient consenti à saisir la main tendue d’Ali Bongo, l’on est moins sûr que seuls ceux-ci permettraient de donner un véritable impact aux pourparlers à venir. Pour Guy Christian Mavioga, «discuter avec les 0% qui dansent au rythme du ventre, c’est bien mais dialoguer avec les 47% qui s’opposent (à la majorité présidentielle), c’est encore mieux». A la faveur de sa récente rencontre avec le Premier ministre, dans le cadre des consultations préalables au dialogue, le Secrétaire général exécutif du BDC n’a pas manqué de faire quelques propositions au chef du gouvernement.
La principale : veiller à ce que ce dialogue soit «inclusif», pour pouvoir «discuter sans tabou, sans ambages, sans détour, sans complaisance, des problèmes que rencontre le peuple gabonais au quotidien». Pour ce faire, Guy Christian Mavioga a proposé la création d’«une commission ad hoc tripartite, majorité, opposition et société civile, non inféodée à la politique politicienne». Celle-ci, a-t-il expliqué, placée sous la supervision du Premier ministre, devra préalablement «réfléchir sous quel format ce dialogue franc pourrait se tenir pour le bonheur de tous». «Nous devons savoir avec qui dialoguer, pourquoi dialoguer. Nous devons identifier les objectifs à atteindre, savoir quand et où dialoguer, et quel rôle pourraient jouer le Conseil national de la démocratie et le ministère en charge du Dialogue politique créé à cet effet», s’est interrogé le porte-parole de la majorité.
Et si le premier responsable du BDC a dit espérer que le futur dialogue aboutisse à des «résolutions acceptées par toutes les parties afin de construire ensemble un Gabon fort, prospère, impartial ayant une véritable identité», il a également proposé que les pourparlers soient modérés soit par Jean Vincent Ondo, évêque d’Oyem, soit par Mathieu Madega évêque de Mouila, l’un ou l’autre assisté des représentants de toutes les confessions religieuses et traditionnelles. «Bien que les discussions s’annoncent particulièrement tendues, il sera difficile à un responsable politique ou tout autre participant au dialogue de manquer de respect à une autorité religieuse comme ces évêques que nous proposons», a-t-il justifié, non sans émettre «des réserves» quant à la participation à ce dialogue de la communauté internationale. «Il s’agira d’une discussion gabono-gabonaise», a indiqué Guy Christian Mavioga.
Pour la tenue du dialogue proprement dit, le BDC entend défendre des questions précises : la limitation à deux du mandat présidentiel, la limitation à 75 ans de l’âge maximal des candidats à la présidentielle, le retour à une élection à deux tours, la possibilité d’envisager le quinquennat, la nationalité gabonaise des parents des candidats, le «droit du sol» pour tout candidat, l’adoption d’une langue nationale pour le Gabon. Le parti qui compte huit élus locaux devrait également proposer de réfléchir sur le régime politique et le modèle économique qu’entend adopter le pays pour parvenir à ses objectifs.