Le président de la République a annoncé jeudi soir depuis l’Elysée qu’il ne briguera pas un second mandat présidentiel en 2017
François Hollande a mis fin au suspense jeudi soir en renonçant à briguer sa succession à l’Élysée en 2017, une annonce inédite dans l’histoire de la Ve République, qui ouvre le bal de la succession à gauche, au terme d’un quinquennat marqué par une persistante impopularité.
« Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle »
Élu en 2012 face à Nicolas Sarkozy, François Hollande devient le premier président de la Ve République à renoncer à briguer à sa succession, exception faite de Georges Pompidou, décédé en fonctions en 1974.
A gauche, il a appelé à « un sursaut collectif qui engage tous les progressistes, qui doivent s’unir ». « Je ne veux pas que la France soit exposée à une aventure qui serait coûteuse », a-t-il dit.
« Redresser la France et la rendre plus juste »
Avant son annonce, le président est revenu sur son bilan depuis sa prise de fonctions lors de cette allocution d’une dizaine de minutes.
« L’engagement majeur que j’ai pris devant vous était de faire baisser le chômage (…) Les résultats arrivent plus tard que je ne les avais annoncés, j’en conviens, mais ils sont là », a expliqué Hollande.
« Depuis mai 2012 (…) j’ai agi avec les gouvernements de Jean-Marc Ayrault et de Manuel Valls pour redresser la France et la rendre plus juste. Aujourd’hui, au moment où je m’exprime, les comptes publics sont assainis, la Sécurité sociale est à l’équilibre et la dette du pays a été préservée », a plaidé le chef de l’État.
François Hollande a également évoqué un « modèle social conforté », citant la retraite abaissée à 60 ans pour les longues carrières et l’instauration d’une mutuelle obligatoire pour les salariés.
« Un seul regret »: avoir « proposé la déchéance de nationalité. Je pensais qu’elle pouvait nous unir alors qu’elle nous a divisés », a-t-il concédé.
« Un geste de courage et de lucidité »
La décision du président de renoncer à briguer sa succession à l’Élysée est un « geste de courage et de lucidité », estime la presse ce vendredi 2 décembre, pour qui cette décision « rebat les cartes » à gauche, en vue de l’élection présidentielle de 2017.
« Respectable. Rares sont les hommes politiques suffisamment lucides pour s’écarter volontairement du pouvoir au nom d’un intérêt plus grand, d’une solidarité nécessaire », relève Laurent Joffrin, dans Libération. « On retiendra l’élégance du geste », ajoute-t-il.
Et le « courage », souligne Guillaume Goubert, de La Croix. Pour lui, « en agissant ainsi, François Hollande rehausse la dignité de l’action publique » et « cela inspire le respect ».
« Il fait le sacrifice d’une ultime ambition présidentielle pour sortir avec dignité », note Sébastien Lacroix, pour L’Union/L’Ardennais.
Hubert Coudurier, dans Le Télégramme, voit : « un certain panache à ne pas s’accrocher au pouvoir jusqu’au bout au nom de l’intérêt général ».
« Un triste épilogue d’un quinquennat nul et non avenu. Une fois encore, il ne décide rien: il s’incline. Il quitte la scène », s’indigne pour sa part, Alexis Brézet dans Le Figaro.
En ce qui concerne les Français, huit sur dix (82%) approuvent la décision de François Hollande, selon un sondage Harris Interactive publié ce vendredi.
Les regards braqués sur Valls
Après ce coup de tonnerre inattendu, les regards sont désormais braqués sur Manuel Valls, qui va vite devoir officialiser sa candidature à la primaire d’une gauche en miettes.
Deux questions se posent désormais pour l’héritier putatif: quand se déclarer avant la date-butoir pour les inscriptions à la primaire de la gauche, le 15 décembre? Et doit-il aussitôt quitter Matignon ?
A l’Elysée, le président a fait sa déclaration de renonciation sans dire qu’il soutenait son Premier ministre, ni même le citer. Mais les deux hommes se sont parlé à deux reprises, avant et après l’annonce, selon l’entourage de Manuel Valls.
Le Premier ministre devrait poursuivre son entreprise de rassemblement, entamée depuis plusieurs semaines. Souvent clivant dans son camp, il s’est efforcé d’arrondir les angles pour peaufiner son profil de présidentiable.
Publié le 01/12/2016 . Mis à jour le 02/12/2016 à 07h21 par SudOuest.fr avec AFP