La Coupe d’Afrique des Nations se déroule dans un contexte économique et politique tendu.
FOOTBALL – Dans un continent miné en plusieurs régions par des conflits armés et politiques, récents ou de longue date, quand ce n’est pas un grave problème sanitaire, il reste parfois bien difficile d’organiser la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui débute ce samedi 14 janvier au Gabon (jusqu’au 5 février).
Pour cette 31e édition, le choix du pays aura connu quelques rebondissements. Le tournoi devait initialement se disputer en Libye avant que ce pays, en proie à une guerre civile avec la montée en puissance de Daech, ne se désiste. La Libye post-Kadhafi avait d’ailleurs déjà échangé, en 2013, l’organisation de la compétition avec l’Afrique du Sud.
Mais voilà, l’hôte gabonais cette année fait là encore débat à travers le continent africain. Traversant une double crise politique et économique, le pays francophone est loin de faire l’unanimité.
« L’organisation de la Coupe d’Afrique des nations dans un pays où le citoyen lambda manque à peu près de tout, c’est la dernière lubie d’Ali Bongo pour faire passer la pilule de son hold-up électoral d’août 2016 », écrit ainsi le journal gabonais Echos du Nord, cité par Courrier international. Cette CAN « se jouera en période de graves crises sociales, économiques et politiques », ajoute, alarmiste, le journal.
Des appels au boycott ont par ailleurs été lancés par des membres de la société civile soutenant Jean Ping, l’opposant N.1 à la réélection de Bongo. L’année dernière, celle-ci avait entraîné des émeutes et pillages massifs, traumatisant un pays plutôt habitué à la paix civile.
Ebola perturbe l’édition 2015
Pour l’édition précédente déjà, en 2015, l’organisation avait déjà suscité la controverse et engendré un changement important. Initialement choisi, le Maroc avait demandé un report de la compétition à cause des risques de propagation d’Ebola, le virus qui avait alors fait près de 5000 morts en Afrique de l’Ouest, notamment au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone.
Après un bras de fer avec l’organisation de la la Confédération africaine de football (CAF), qui souhaitait maintenir le tournoi aux dates prévues, le Maroc avait finalement obtenu l’abandon de l’organisation (mais s’était vu disqualifié), rappelle Le Monde.
Il fallait alors trouver un pays hôte de secours, et ce ne fut pas simple. L’Afrique du Sud et le Ghana ne pouvaient assurer cet accueil pour des raisons économiques, le Nigéria était lui plombé par les attaques terroristes de Boko Haram.
Résultat, la Guinée équatoriale avait hérité de l’organisation in extremis, non loin de la zone touchée par Ebola, suscitant les craintes de la population et de sélections. Avec les mesures préventives mises en place -prise de température des passagers à l’aéroport, médecins spécialisés, centres d’isolement-, tout s’était finalement bien passé.
Si l’on remonte maintenant quelques années en arrière, en 2010, la CAN avait connu un épisode particulièrement traumatisant. Le 8 janvier, deux jours avant le début de la compétition en Angola, le bus de la sélection togolaise s’était fait mitrailler dans la région pétrolifère du Cabinda. Une attaque revendiquée par les Forces de libération de l’Etat du Cabinda, des rebelles demandant alors l’indépendance de cette enclave située dans le nord du pays. Bilan: deux morts parmi le staff et plusieurs joueurs blessés. La sélection du Togo décidera de ne pas participer à la compétition.