La Coupe d’Afrique des nations, qui démarre ce samedi au Gabon, ne réjouit pas que les fanatiques de foot. Les politiciens et les coiffeurs par exemple ont de bonnes raisons d’affectionner la compétition.
Et voici venue la 31e édition de la Coupe d’Afrique des nations de « balle-au-pied » qui vient rompre la « janviose », ce « décembre-blues » qui diffuse la nostalgie des jours fériés et des bombances gracieuses. Comme à chaque rendez-vous du sport-roi, dans les gradins ou devant le petit écran, les regards des adeptes de la discipline vont escorter frénétiquement les ballons shootés.
Cette année, ce sera sur les pelouses de Libreville, Franceville, Port-Gentil et Oyem. Si la compétition sur-médiatisée est synonyme de torture pour les allergiques au foot, certains indifférents y trouveront tout de même leur compte. Vous aussi peut-être, si vous faites partie des catégories suivantes :
Les politiciens
Si les opposants surfent sur la médiatisation en suggérant des boycotts militants, ce sont les tenants du pouvoir qui finissent toujours par tirer leur épingle du foot. Même temporairement, la bonne vieille devise « du pain et des jeux » anesthésie les désirs d’émancipation d’une plèbe dont l’estomac crie famine et dont le cerveau réclame des processus démocratique plus convaincants. En invoquant l’union derrière les Panthères, le régime Bongo détournera sans doute l’attention des critiques du camp Ping…
Les hommes d’affaires
Si les commerçants maliens affirment qu’un sommet Afrique-France n’a qu’un intérêt mineur pour leurs affaires, une coupe d’Afrique de football reste une opportunité potentielle pour tous les niveaux de l’économie. Au sommet de la pyramide, comme en témoigne l’intérêt d’un géant pétrolier pour la dénomination officielle « Coupe d’Afrique des nations Total », comme à la base où les achats de téléviseurs anticipés, les abonnements à des chaînes télé opportunistes ou les impacts publicitaires circonstanciels font la joie des opérateurs économiques.
Les groupies
Le monde du sport est vecteur de « branchitude » tout autant que celui du show-biz. De plus en plus bling-bling, les joueurs de football africains font pâlir de jalousie les plus grands « sapeurs » des Congo. Une CAN, c’est aussi des coulisses où ils « farotent » avec leurs costumes de satin, leurs montres en titane, leurs porte-clef Porsche et les photos de leurs femmes-trophées. Une occasion d’alimenter les infos people et autres ragots…
Les coiffeurs
Sur les terrains, la mode est toujours à l’excentricité capillaire. Une coupe d’Afrique des coupes de cheveux est donc l’occasion de faire un bilan des tendances, de la combinaison de tresses au marbrage, en passant par les décolorations les plus inattendues. De quoi booster les chiffres d’affaires des salons de coiffure, pour peu qu’on y maîtrise les coupes «geyser», les vraies-fausses dreads, les queues de cheval ou le modèle «Rama Yade» (que cette dernière a d’ailleurs abandonné).
Les fainéants
Incontestablement, la période du 14 janvier au 5 février ne devrait pas se traduire par une hausse de productivité dans les entreprises africaines. Même pour l’employé du mois, ça ne sera pas le mois de l’employé. Le supporter se réveille exténué par les émotions sportives de la veille, gaspille une partie de sa matinée à « refaire le match » et à affiner ses pronostics, détourne son attention de ses dossiers vers l’écran de son smartphone, dès le coup d’envoi des premières rencontres, quand il ne déserte pas carrément son bureau. Celui qui n’affectionne pas la compétition pourra toujours faire semblant de s’y consacrer, profitant des répits d’embouteillages aux heures des matchs phares.
Conclusion : si vous n’êtes ni businessman, ni footeux, ni coiffeur, il ne vous reste qu’à vous cloîtrer pendant trois semaines…
Damien Glez