Le dialogue politique s’est ouvert mardi 28 mars au Gabon et les discussions doivent débuter ce mercredi par une phase citoyenne. Une deuxième phase, politique, s’ouvrira le 11 avril, sans Jean Ping mais avec quelques personnalités de l’opposition. Voici ce qu’il faut savoir juste avant le coup d’envoi des travaux.
Jean Ping, candidat malheureux de la présidentielle 2016, dont il se déclare toujours vainqueur, n’y sera pas. Mais le dialogue politique est bel et bien lancé au Gabon. Plus de 1 300 participants sont inscrits à la phase citoyenne, inaugurée mardi 28 mars et censée se refermer le 6 avril prochain.
Suivra alors la phase politique, la plus attendue avec une cinquantaine de partis politiques (pour la plupart de la majorité présidentielle), à partir du 11 avril. Après de nombreuses tractations, le camp du président a finalement convaincu quelques cadors de l’opposition d’y prendre part, avec notamment René Ndemezo’o Obiang, qui soutenait pourtant Jean Ping lors de la présidentielle.
Que faut-il en attendre ?
Durée et cumul des mandats, statut de l’opposition, financement des campagnes politiques, réforme des instances électorales… Autant de sujets qui doivent être abordés. Mais cela se traduira-t-il par de véritables changements dans la vie politique gabonaise ? Pas si Ali Bongo Ondimba prend exemple sur son père.
La consultation de la société civile ouverte mardi 28 mars rappelle en effet celle de 1990, sous Omar Bongo Ondimba, tandis que le même OBO avait lui aussi lancé son dialogue national politique, à la suite d’une réélection controversée en 1993. Mais ces deux initiatives ne sont pas restées dans les mémoires comme de grands bouleversements. À Ali Bongo Ondimba de jouer la rupture.
Ce qu’il faut savoir sur le dialogue politique gabonais
De quoi va-t-on discuter ?
- Réforme des institutions et consolidation de l’État de droit démocratique
- Réformes électorales
- Modernisation de la vie publique
- Consolidation de la paix de et de la cohésion sociale
Les grands chantiers
– la durée des mandats politiques (président, député, sénateur…)
– le mode de désignation, la durée du mandat des membres de la Cour Constitutionnelle
– la réforme du Conseil national de la démocratie
– le redécoupage des circonscriptions électorales
– la révision du code électoral et du fichier électoral
– le financement de la campagne de l’élection présidentielle
– la réforme des instances en charge de l’organisation des élections
– les conditions de création et de financement des partis politiques et des syndicats
– la révision de la loi sur les associations
– le réexamen des conditions de l’exercice de la liberté de la presse et de la communication
– le cumul des mandats
– la retraite des élus locaux
– le statut de l’Opposition
– le statut de la Majorité
– la relance du développement économique, social, culturel et environnemental
– la réconciliation nationale
Combien de temps vont durer les discussions ?
29 MARS –> 10 MAI
>> Du 29 mars au 6 avril 2017 : phase citoyenne
Les acteurs de la société civile échangent sur les différentes thématiques et formulent des propositions. Selon les listes communiquées par l’organisation du dialogue, plus de 1 300 personnes se sont inscrites. Elles sont membres d’ONG et d’associations ou « personnalités politiques non parties prenantes », comme certains hauts-fonctionnaires.
>> Du 11 avril au 3 mai 2017 : phase politique
C’est le point d’interrogation du dialogue, alors que la coalition autour de Jean Ping a décidé de ne pas participer. La majorité présidentielle a pour objectif d’intégrer le maximum de personnalités venues de l’opposition afin de crédibiliser cette phase.
>> Du 3 au 10 mai 2017 : remise des travaux et clôture
En théorie, le dialogue est censé s’achever au plus tard le 10 mai 2017. Une prolongation des débats n’est toutefois pas à écarter.
Qui va participer ?
– La société civile
– La majorité
– Une partie de l’opposition
La majorité:
Le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet (à gauche), et Faustin Boukoubi, secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) ont été nommés co-présidents pour le compte de la majorité. Ils doivent notamment être accompagnés de Jean Boniface Assélé, maire-adjoint de Libreville et président du Centre des libéraux réformateurs (CLR), et Guy Christian Mavioga, secrétaire exécutif du Bloc démocratique chrétien (BDC, majorité), nommés vice-présidents. Ali Akbar Onanga Y’Obegue, secrétaire général du gouvernement, et Léontine Mebale, présidente du Rassemblement des démocrates républicains, les assisteront, épaulés par Eric Dodo Bounguendza et Marie Rosine Itsana.
Une partie de l’opposition:
La délégation de l’opposotion sera conduite par René Ndemezo’o Obiang (à gauche), ancien porte-parole de Jean Ping rallié au dialogue et président de Démocratie nouvelle (DN). Il a été nommé co-président, au même titre que Pierre Claver Maganga Moussavou, fondateur et président du Parti social démocrate et candidat à la présidentielle 2016. Ils seront accompagnés de Marcel Robert Tchoreret et Bonaventure Nzigou Manfoumbi, comme vice-présidents, et de Thierry D’Argendieu Kombila et Monique Rokita, comme rapporteurs. En revanche, le grand absent de ce dialogue reste Jean Ping. L’ancien président de la Commission de l’Union africaine et sa coalition rejettent officiellement toute discussion avec Ali Bongo Ondimba.
>> Le dialogue sera également encadré par des facilitateurs nationaux : l’archevêque de Libreville Basile Mve Engone, le révérend pasteur Jean Jacques Ndong Ekouache, l’imam Ismael Oceni Ossa et le révérend pasteur Michel Francis Mbadinga.
Par Mathieu Olivier