Pilier de la Françafrique, l’avocat Robert Bourgi avait fait parler de lui le mois dernier après des révélations indiquant qu’il avait offert 13.000 euros de costumes de chez Arnys à François Fillon. Dans un entretien donné à Mediapart, il revient, ce vendredi, sur les raisons qu’il l’ont poussé à nier dans un premier temps être l’auteur de ces cadeaux.
Depuis les révélations du Journal du Dimanche sur les deux costumes offerts par Robert Bourgi au candidat LR à la présidentielle, ce dernier ne s’était que très peu exprimé. C’est depuis Beyrouth, où il s’est installé depuis l’affaire, qu’il a accepté de sortir de son silence en répondant aux questions de Mediapart.
Des « pressions politiques »
Dans cet entretien, publié ce vendredi, l’avocat assure qu’il a subi « des pressions politiques ». Il explique ainsi avoir été intimidé par François Fillon et son équipe à plusieurs reprises afin qu’il se taise au sujet de ces luxueux cadeaux.
« Pendant six jours, du samedi ayant précédé les révélations du Journal du Dimanche au vendredi suivant, François Fillon et sa très grande papesse de la communication, Anne Méaux, ont souhaité que je ne dise rien concernant l’identité de la personne qui a offert les costumes: moi », raconte-t-il.
Mentir, par « solidarité gaulliste »
Robert Bourgi poursuit en expliquant avoir cédé à ces intimidations pendant près d’une semaine. Pour le persuader, le candidat à la présidentielle aurait souvent fait appel à sa « solidarité gaulliste ».
Mais quand il demande les raisons de ce silence, l’équipe de François Fillon reste vague: « Ils m’ont dit: ‘Tu sais, c’est la Françafrique, on va penser que…' ». « Mais qu’est-ce que la Françafrique a à voir avec cela? » s’interroge l’avocat, qui reste l’un des derniers survivant des réseaux gaullistes de la Françafrique.
Les costumes remis aux mains de la police
Mais le 17 mars, Robert Bourgi cesse de jouer le jeu des équipes Fillon et reconnaît être le mystérieux ami qui a offert les coûteux costumes. Des cadeaux pour féliciter le candidat de « sa victoire à la primaire de la droite » fait-il valoir auprès de Mediapart, insistant sur le fait que François Fillon ne lui avait « rien demandé ».
Au lendemain de l’Emission politique sur France 2, un collaborateur serait venu lui remettre les costumes raconte également l’avocat. Face à Christine Angot, l’ancien Premier ministre avait en effet soutenu les avoir rendus. Selon Robert Bourgi, les costumes sont désormais aux mains de la police.