Répondant oui, début octobre dernier, à l’appel au dialogue formulé par Ali Bongo Ondimba, en pleine crise postélectorale, René Ndemezo’o Obiang, le président de Démocratie Nouvelle avait conditionné sa participation à un certain nombre de préalables, dont la libération de tous les prisonniers politiques. Alors que se tient la phase politique des négociations entamées depuis mardi 18 avril courant, cette demande de l’opposition reste lettre morte dans les geôles de la prison centrale. Et nombreux se demandent déjà si l’ancien directeur de campagne de Jean Ping n’a pas failli à sa parole.
C’était l’un de ses préalables phares, la libération de tous les prisonniers politiques, c’est-à-dire de tous les manifestants qui avaient été appréhendés au plus fort de la contestation post-présidentielle. C’est donc à cette mesure de décrispation qu’il avait conditionné sa participation au dialogue politique convoqué par Ali Bongo Ondimba. Et certaines familles dont les parents croupissent encore au gnouf avaient sans doute vu dans cette exigence de l’opposant, un ultime recours qui allait enfin laisser la liberté à leurs proches. Surtout que tout dialogue politique est souvent le lieu des exigences et des concessions des différentes parties impliquées. Pourtant, après la phase citoyenne des assises, et alors qu’il est assis à la table des négociations pour l’étape politique depuis le 18 avril dernier, René Ndemezo’o Obiang n’a encore rien vu venir de sa demande. Aucun prisonnier, pour ne pas dire tous les prisonniers politiques comme il l’avait exigé n’a encore été libéré.
S’agit-il d’un revirement de position au regard de la rigidité du gouvernement sur la question, ou est-ce au contraire une incapacité de l’opposant lui-même à peser auprès du pouvoir pour faire respecter ses exigences ? Dans tous les cas, quelque soit la réponse, la position du président de Démocratie Nouvelle se prête désormais à plusieurs interprétations. Mieux, elle pourrait être vue comme une trahison manifeste de ses frères de lutte de l’opposition, barricadés derrière les barreaux de prison au prix de la compromission. Là se joue désormais toute la crédibilité de l’opposant, qui quelque soit l’issue du dialogue sera toujours vu comme un homme qui n’a pas su faire aboutir ses conditions. Surtout qu’il est depuis qualifié de traître par ses amis de l’opposition pour n’avoir pas suivi le boycott de Jean Ping.